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JO 2024: malgré l'avis écologique défavorable, un échangeur en construction à côté d'une école

À Saint-Denis, malgré les avis défavorables de l'agence environnementale, la direction des routes d'Île-de-France a validé la construction d'un échangeur d'autoroute à quelques mètres seulement d'une école. Un échangeur qui doit permettre d'acheminer plus rapidement les athlètes en vue des Jeux olympiques 2024, au détriment de la santé des enfants et de celles des riverains.

Imaginez une école, des rires d’enfants qui jouent dans la cour de récré. Mais vous ne les entendez pas. Car à 10 mètres de là, des milliers de voitures entrent et sortent de l’autoroute. On est fin 2023: bienvenue à l’école Pleyel de Saint-Denis.

L’A86 passe déjà à 100 mètres du bâtiment, mais pour desservir le village olympique des JO 2024, l'État construit un échangeur à 95 millions d’euros. "C'est toujours les enfants qui payent et ce n'est pas normal", déplore au micro de RMC Hamid Oudir, l'administrateur de la Fédération des Parents d’Elèves de Seine-Saint-Denis (FCPE 93). "Pour faire transiter des athlètes et peut être gagner 30 secondes, une minute sur un trajet, on va accepter de polluer des enfants et des milliers d'habitants parce qu'il y a 16.000 habitants à Pleyel. C'est inimaginable, c'est abject", assure-t-il.

Saint-Denis, c’est la 9e ville la plus pauvre de métropole et l’une des plus polluées. Les riverains, comme Marc, sont excédés: "Tout le monde s'en fout. Après, ils font des beaux discours sur l'écologie mais ils prévoient tout pour que ce soit pourri et que ce ne soit pas rattrapable".

Le projet a été validé tel quel. Avant de lancer les travaux en début d’année, la Direction des routes d’Ile de France, la DiRIF, a bien réalisé une étude d’impact,  soumise à l’Autorité environnementale. L’organisme indépendant a rendu un avis dans lequel on peut lire ceci: "Il subsiste des zones où la concentration de polluants est augmentée par le projet". On parle ici de particules fines, de dioxyde d’azote, et de 600 enfants de maternelle et primaire.

Mais pas de problème, répond la DiRIF: "On va mettre une haie végétale, un mur anti-bruit et des revêtements pour absorber les polluants". Si l’Autorité émet de sérieux doutes sur l’efficacité de ces mesures, l’Etat valide quand même le projet, le jugeant d’intérêt général.

L'intérêt économique avant tout

Au final, c'est l'intérêt économique qui a primé. C’est même écrit noir sur blanc. La FCPE et une association de riverains ont carrément fait un recours devant la Cour Administrative d’Appel de Paris. Rejété ! Au motif que les avantages socio-économiques sont supérieurs aux inconvénients.

Et quand on interroge le directeur de la DiRIF, Alain Monteil, sur les niveaux de pollution, voici ce qu’il répond: "Il est faux de dire que l'on va augmenter la pollution. Elle va baisser au niveau de l'école. On en est quasi surs".

Entre "plus de pollution" ou "moins de réduction de pollution", il faut comprendre la nuance. À la mairie de Saint-Denis, l’adjoint à la transformation écologique, Laurent Monnet, s’engage à prendre des mesures si une hausse des polluants était démontrée: "Tout ça sera suivi et évalué. Si des mesures dégradées dépassent sévèrement les seuils réglementaires, bien entendu que l'on reviendrait sur la situation en envisageant un certain nombre de mesures, notamment de restriction du trafic, pour maintenir une qualité de l'air suffisante dans et autour de l'école".

Les parents d’élèves, eux, ont porté l’affaire devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme. Ils espèrent qu’après les JO 2024, l’État sera contraint de modifier la circulation autour de l’école. Et "RMC s'engage pour vous" continuera de suivre leur combat.

Amélie Rosique, Elise Denjean et Joanna Chabas