La folle histoire du mystérieux cercueil découvert dans le chantier de Notre-Dame-de-Paris

A-t-on retrouvé le sarcophage du poète Joachim du Bellay? Né vers 1522 en Anjou, mort le 1er janvier 1560 à Paris, sans que l’on ne sache où il était enterré, mais dont on savait le souhait de reposer dans une chapelle de Notre-Dame. Son oncle était cardinal, ancien évêque de Paris, et le roi lui avait confié la mission française au Vatican... Le "piston" est crédible.
C’est assez pour annoncer la piste: on aurait retrouvé le poète de la Renaissance, proche de Ronsard, avec qui il a co-fondé La Pléiade.
Qu’est-ce qui permet de penser que c’est vraiment le sarcophage de Joachim du Bellay qu’on a retrouvé à Notre-Dame? Dans les fouilles de la cathédrale, deux sarcophages de plomb ont été révélés par les archéologues. Le premier a été rapidement identifié, un dignitaire religieux. Le deuxième reste un mystère, un "cold case" donc.
Le portrait-robot correspond
La suite, on la doit à un chercheur toulousain. D’abord, pourquoi un sarcophage ici, au cœur de la cathédrale, là où seules deux tombes ont été retrouvées intactes? On comprend qu’il s’agit d’une personnalité non-religieuse de l’époque. Et puis, c’est de la médecine légale, un portrait-robot. Un jeune homme d’environ 35 ans, dont le crâne porte les stigmates d’une méningite chronique tuberculeuse et d’atteintes osseuses. Il avait été autopsié peu après sa mort. Ça correspond au poète. Le bassin révèle un corps de cavalier, et tiens donc Joachim du Bellay a fait des aller-retour Paris-Rome à cheval, en compagnie de son oncle.
Entre le jeu "Qui est-ce?" et "Les Experts", l’enquête continue. Il faut dire qu’il reste des zones d’ombres à l’enquête. Un responsable des recherches s’agacerait presque: "Que peut-on avoir de plus? Retrouver sa brosse à dents pour vérifier que l’ADN correspond?"
Le chantier de Notre-Dame de Paris aura permis des découvertes. Et c’est vrai que l’on imagine mal des fouilles au cœur de la cathédrale sans l’incendie du 15 avril 2019. Même si l’enjeu du chantier a imposé d’aller vite, les archéologues ont pu remonter à l’antiquité. Des œuvres d’art multi-centenaires, une centaine de sépultures, des ossuaires... Et même les fondations d’un logement du 1er siècle. Des découvertes présentées alors que Notre-Dame doit rouvrir à la fin de l’année. "Dans les cendres naissent les connaissances", écrivait Le Figaro mercredi.