La honte, ce sont les responsables de la pauvreté qui doivent l’avoir!: les mots très durs du président des Restos du coeur

Des mots très durs car la situation "ne fait qu’empirer". Patrice Blanc, président des Restos du Cœur, était l'invité d'Apolline de Malherbe sur RMC, ce jeudi alors que la 36ème campagne d'hiver s'ouvre dans un contexte inédit.
Ainsi, malgré l'idée de Coluche en 1985 qui se voulait temporaire, les "Restos du coeur" s'attendent à recevoir 1 million de bénéficiaires cette année pour la saison hivernale qui démarr en pleine crise sanitaire et économique.
Chaque année les personnes démunies pour leur campagne d'hiver. En fonction de leurs ressources et de la composition de leur famille, elles se voient attribuer des points qui leur donnent droit à des denrées alimentaires. L'année dernière, les Restos du coeur ont accueilli 875.000 personnes et distribué 136,5 millions de repas.
Mais pour Patrice Blanc, cette année, "Je pense qu'on dépassera le million de personnes", lâche-t-il. Avec cet exemple: l'association chiffre la hausse des inscriptions pour la campagne d'hiver à +10%, les situations étant "variables selon les départements", avec une explosion de la demande en Seine-Saint-Denis (+45%) et à Paris (30%).
Les jeunes, "une source d'inquiétude encore plus particulière"
L'association alerte sur la situation des jeunes, de plus en plus nombreux à frapper à leurs portes: avec la disparition des petits boulots qui a plongé des étudiants dans la précarité, ils représentent "une source d'inquiétude encore plus particulière" pour Patrice Blanc. Les moins de 25 ans représentent déjà près de la moitié des bénéficiaires, les mineurs, 40%.
Parmi les bénéficiaires de plus de 16 ans, 36% sont en recherche d'emploi, 12% perçoivent une retraite, 6% ont un emploi et 6% sont étudiants.
"La moitié des personnes qui viennent aux Restos du cœur ont moins de 25 ans. On avait l’année dernière 90.000 jeunes entre 18 et 25 ans qui ne bénéficient pas de RSA ni d’un quelconque filet de sécurité" dénonce-t-il, soufflant que la situation "ne fait qu’empirer": "La honte, ce sont les responsables de la pauvreté qui doivent l’avoir. Nous avons un système qui ne prend pas en compte les inégalités sociales alors qu’on est un pays extrêmement riche" précise Patrice Blanc sur RMC.
La crise sanitaire a également changé l'organisation des centres. La distribution accompagnée (les bénéficiaires entrent dans le centre et sont accompagnés par des bénévoles) a laissé place à un système de drive, où les bénévoles amènent les denrées alimentaires à l'entrée du centre où les bénéficiaires attendent en file.
Pour les Restos du coeur, "l'enjeu majeur de cette 36e campagne est de continuer à faire face. Dans l'urgence mais aussi sur le long terme".