Le Danemark veut confisquer les biens des migrants

REPORTAGE - Le Parlement danois doit adopter ce mardi une loi sur l'immigration qui prévoit notamment de confisquer les effets de valeurs de migrants au-delà de 1340 euros. L’objectif, rendre le pays moins attractif aux demandeurs d’asile.

Le Danemark a accueilli 21.000 migrants en 2015. Comparé à sa population, c’est l’un des pays d’Europe les plus accueillant. A Copenhague, Fathi est arrivé de Syrie il y a deux semaines. “Quand on est arrivé, on s’est senti les bienvenus”, raconte-t-il.

Sauf que le parlement s’apprête à voter ce mardi une loi très controversée sur son droit d’asile. Le texte prévoit de confisquer les liquidités des migrants et leurs effets personnels excédant 10.000 couronnes, soit 1340 euros.

Fathi n’en revient pas. “Je n’ai que trois pantalons, trois t-shirts, trois pulls et deux paires de chaussures, c’est tout ce que je possède! détaille-t-il. J’ai un peu d’argent, 600 euros, mais ça ne me sert qu’à manger”.

"Au Danemark nous aimons accueillir"

Bassel, 35 ans arrivé lui aussi il y a deux semaines est dans la même situation.

“C’est vraiment choquant parce que nous avons dépensé beaucoup d’argent pour venir ici. On ne peut plus rien donner, s’indigne-t-il. Tout le monde veut venir ici au Danemark, on pensait rester longtemps pour avoir une belle vie. Ici on nous disait qu’il y avait beaucoup de travail, le taux de chômage n’est qu’à 6%, mais finalement nous n’avons rien”.

Depuis l’arrivée au pouvoir d’un Premier ministre libéral, obligé de s’allier au Parti anti-immigration, le Danemark tente de rendre le pays le moins attractif possible aux yeux des prétendants à l’asile.

Une politique que dénonce Michala Bendixen, présidente de l’association Refugees Welcome. “Vous n’aurez aucune aide, aucun soutien financier, finalement vous n’aurez aucune chance. C’est horrible de dire ça aux migrants alors que nous au Danemark nous aimons accueillir, c’est naturel”, assure la militante. La nouvelle loi prévoit également de diminuer les droits sociaux des migrants et d’allonger les délais de regroupement familial.

Carole Blanchard avec Thomas Chupin