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"Le maire reçoit des menaces": tensions autour d'un rassemblement de gens du voyage dans le Loiret

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Ils sont d'habitude 20.000, ils sont cette année le double. Un rassemblement évangélique de 40.000 personnes sème la zizanie dans une petite commune du Loiret. Incivilités et déjections font vivre un enfer aux habitants qui déplorent l'inaction de l'Etat. Les pèlerins doivent quitter les lieux dimanche.

Un rassemblement évangélique de la communauté des gens du voyage fait polémique. La petite commune de Nevoy, dans le Loiret, accueille 40.000 personnes jusqu'à dimanche. Mais l'affluence a dépassé les prévisions et le terrain de l'association organisatrice de l'événement, dont la capacité initiale est de 20.000 personnes, ne peut recevoir tout le monde.

Conséquence, les pèlerins s'installent sur les terrains alentour et les nuisances s'accumulent. Les chemins sont remplis d'excréments humains et la tension est à son comble. "C'est une catastrophe sanitaire", déplore au micro de BFMTV le maire sans étiquette de la petite commune, François Darmois. "Toute notre nature et les terrains, partout, ce n'est qu'un sanitaire à ciel ouvert. C'est impensable", ajoute l'élu.

Lundi, un octogénaire a tiré en l'air à deux reprises alors que des personnes étaient entrées sur son terrain pour y faire leurs besoins. Des renforts policiers sont attendus. La préfète du Loiret Régine Engstrôm a annoncé que 17 gendarmes supplémentaires doivent arriver samedi, en plus des 250 déjà présents sur le site. Ceux-ci ont d'ores et déjà procédé au contrôle de près de 4.000 véhicules et 3.000 personnes pour 177 infractions routières et 56 verbalisations liées à des abandons de déchets sur la voie publique.

"Nous demandons aux organisateurs de maîtriser le nombre de participants", réclame ce vendredi sur RMC et RMC Story Mathilde Paris, députée RN du Loiret. "L'affluence n'a pas été anticipée. Lors de réunions avec les services de l'Etat en avril dernier, nous avions prévu 15 à 20.000 personnes".

"Les élus locaux se sentent abandonnés"

L'événement annulé pendant deux ans en raison de l'épidémie de Covid-19, a effectivement fait le plein cette année: "Quelle que soit la nature des pèlerins, 40.000 participants dans une petite commune rurale, ça crée une gêne", reconnaît au micro de l'AFP le pasteur Joseph Charpentier de l'association Vie et Lumière, à l'origine du rassemblement. "J'ai une équipe de 12 personnes à l'écoute des maires et des riverains, qui vont nettoyer à la demande quand des terrains sont souillés", assure-t-il.

"Des terrains agricoles privés ont été investis par les caravanes", reproche la députée du Loiret. "Le gros point noir, ce sont les déjections sur les terrains privés et chez les habitants qui ont des intrusions sur leur jardin. Nous demandons des solutions pour que cela se règle, il faut un site plus grand. Les élus locaux se sentent abandonnés, le maire reçoit maintenant des menaces sur les réseaux, des gens le traitent de raciste et essaient de l'intimider", dénonce l'élue.

"C'est un problème d'aménagement du territoire, la ruralité n'est pas faite pour ça", constate de son côté Périco Légasse, conseiller régional du Centre-Val-de-Loire. "Il faut proposer des sites dédiés avec la logistique nécessaire. Il faut une rencontre entre les pouvoirs publics et les représentants des gens du voyage. Tout le monde à sa place mais ils doivent comprendre qu'en République française il y a des normes et règles à respecter", ajoute le critique gastronomique.

Les pèlerins doivent quitter les lieux dimanche à l'issue du rassemblement. Avant la prochaine édition prévue l'année prochaine, comme depuis 30 ans.

G.D.