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"Le sentiment qu'elle a été mise à la poubelle": le combat d'une mère pour sa fille née sans vie

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Enquête RMC. Joy a accouché de jumelles à l'été 2023, mais l'une d'elles est née sans vie. Selon la procédure, elle a laissé l'hôpital se charger des obsèques, avant de se rendre compte des mois après que le nom de sa fille n'a jamais été inscrit dans le registre des défunts.

Une mère en détresse a écrit aux équipes de RMC s'engage avec vous. Joy a donné naissance à des jumelles l’été dernier: Livia, qui a donc 10 mois bientôt, et Éléa, née sans vie. "On a envie d'hurler sur tous les toits qu'il nous en manque une, qu'on se sent vide, qu'on a envie de s'arracher le ventre tous les jours", confie Joy.

"Quand on rentre le soir, la première pensée, c'est qu'elles devraient être deux à me sourire", explique-t-elle avec émotion.

Comme pour tous les parents qui vivent ce drame, à la naissance, le couple a dû choisir: organiser eux-mêmes les obsèques ou confier cette étape à l’hôpital. À ce moment-là, ils expliquent qu'ils n’ont pas la force de s’en occuper. C’est donc l’hôpital de Niort (Deux-Sèvres), où ils habitent, qui se charge de la crémation.

"La seule chose que je peux faire pour elle, c'est de me battre pour que son nom apparaisse"

Des mois plus tard, le 25 avril dernier, pour la première fois, Joy trouve le courage d’aller se recueillir au jardin du souvenir, un espace au milieu du cimetière, qui accueille les cendres des enfants nés sans vie. Elle consulte le petit livre des défunts mais le nom d’Éléa n'apparaît pas.

"Je suis rentrée à la maison et j'ai dit à mon mari que j'avais fait un pas en avant dans le deuil et qu'au final, c'était trois pas en arrière. La seule chose que je peux faire pour elle, c'est de me battre pour que son nom apparaisse. Lui dire que: 'Oui, tu as existé, oui tu as eu de l'importance pour nous'.

"J'ai le sentiment qu'elle a été mise à la poubelle comme un déchet", enrage-t-elle.

Il n’y a pas de protocole national, chaque ville est libre d'organiser la crémation des enfants nés sans vie. À Paris, par exemple, le cimetière du Père-Lachaise dépose des médaillons portant le prénom des bébés au pied d’une stèle. À La Roche-sur-Yon (Vendée), il y a un arbre avec des étoiles pour chaque enfant.

A Niort, c’est une convention entre l'hôpital la ville qui prévoit l’inscription de leurs prénoms uniquement pour les parents qui s’occupent eux-mêmes des funérailles. Et ça, personne ne l’a expliqué à Joy et son mari. Sinon, ils n'auraient pas fait ce choix. L’hôpital a manqué à son obligation d’information.

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La procédure évolue grâce à cette affaire

Son témoignage, que nous avons porté haut et fort auprès de la direction de l’hôpital et de la mairie de Niort, a été entendu. Et bien au-delà de nos espérances, car la procédure a changé sur notre impulsion. La petite Éléa sera bien inscrite au registre des défunts. Et désormais, tous les parents qui le souhaitent pourront en faire de même à Niort.

Amélie Rosique, Guillemette Franquet, Solène Leroux (édité par J.A.)