Le sexisme progresse en France: 37% des hommes considèrent que le féminisme menace leur place

Des chiffres inquiétants. Le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes considère que le sexisme est à l’origine de la majorité des violences envers les femmes, et ces violences progressent. Le nombre de plaintes enregistrées a doublé au cours des cinq dernières années. Une femme sur quatre dit avoir été victime de violences psychologiques de la part de son partenaire, une sur six de violences physiques.
Les clichés sexistes ne reculent pas non plus. Au contraire. Par exemple, quand on demande aux Français et aux Françaises: "Est-ce que les hommes ne doivent pas pleurer?", ils sont 3% de plus que l’an dernier à répondre "oui". "Est-ce que les hommes sont meilleurs en maths?" +4 points pour le "oui". "Est-ce que le barbecue est une affaire d’hommes?" +3 points pour le "oui".
37% des hommes considèrent même que le féminisme menace leur place. Des clichés qui progressent en général, mais en particulier chez les jeunes. Les 15-24 ans ne sont pas moins sexistes que leurs aînés.
Les femmes elles-mêmes peuvent véhiculer ces clichés de genre. Par exemple, elles sont plus nombreuses que l’an dernier à estimer qu’il est normal que les femmes arrêtent de travailler pour s’occuper des enfants (7% de plus).
Elles sont 78% à dire que pour correspondre aux attentes de la société, elles doivent être sérieuses ou discrètes. Elles sont environ 50% à penser que pour être bien vue, il faut avoir eu des enfants et ne pas avoir eu trop de partenaires sexuels.
Un sexisme qui prend racine à l'école
C’est l’effet MeToo. Le sexisme est davantage condamné. On a une nette augmentation de celles et ceux qui considèrent insupportable qu’un homme gifle sa compagne, qu’une femme soit sifflée dans la rue. Une augmentation de ceux qui condamnent les blagues sexistes, ou le mansplaining, c'est-à-dire la propension des hommes à vouloir tout expliquer aux femmes.
Le sexisme prend ses racines dans la famille et à l’école: c’est le point sur lequel insiste ce rapport 2024. Dans les familles, avant l'âge de 2 ans, les enfants sont confrontés à la division des rôles et renvoyés à leur genre. 3% des garçons seulement ont reçu comme cadeau une poupée et 4% des filles, une voiture.
Quand on demande aux parents s’ils élèvent leurs filles comme leurs garçons, ils répondent "oui". Mais quand on demande aux filles si elles ont été élevées comme leurs frères, elles répondent "non" à 62%.
Dans les familles, mais aussi à l’école, les études montrent que chez les garçons, on valorise la force, la compétition, le mépris de la faiblesse. Chez les filles, plutôt l'écoute, l'empathie, la douceur, voire la docilité.
Internet et le cinéma sont aussi des terreaux des inégalités de genre
Le Haut Conseil à l’égalité a visionné les vidéos les plus regardées sur les réseaux sociaux. Et il apparaît clairement que les femmes sont beaucoup plus souvent représentées dans le cadre du foyer, quand les hommes sont au boulot ou en train d’accomplir des exploits sportifs.
Au cinéma, il existe un test pour mesurer le sexisme: le test de Bechdel. Dans un film, est-ce qu’il y a au moins une scène ou l’on voit deux femmes parler entre elles d’un autre sujet que des hommes? Dans l’histoire du cinéma, 40% des films ne passent pas le test.