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Les créateurs du 06 "anti-relous" harcelés: "C'est une police politique de la pensée"

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Le numéro "anti-relous" et ses deux créateurs ont été la cible de plusieurs attaques coordonnées d'usagers du forum du site Jeuxvideo.com, ainsi que de menaces de mort. D'après Elliot Lepers, qui a lancé le dispositif avec Clara Gonzales, une plainte devrait être déposée dans les 48h, le temps qu'ils rassemblent les preuves. Il l'explique à RMC.fr.

Elliot Lepers est webactiviste et co-créateur d'un numéro "anti-relous" pour prévenir le harcèlement de rue. Attaquée, la ligne est temporairement désactivée.

"Le numéro a été largement relayé dans la presse ce week-end. Mais lundi, en fin d'après-midi, une opération a commencé à s'organiser entre plusieurs membres du forum 18-25 du site jeuxvideo.com, édité par Webedia.

Ces gens-là sont des habitués de ce genre d'opérations de harcèlement en ligne vis-à-vis de militantes le plus souvent féministes. Ils développent une idéologie anti-féministe primaire accompagnée de toute une idéologie d'extrême droite, nazie, antisémite, etc...

Des messages par milliers ont été adressés au service pour saturer le système avec la volonté affichée de nous causer un préjudice financier (chaque SMS traité coûte 16 centimes d'euros). Ils voulaient utiliser ce qu'ils considéraient comme une faille pour nous blesser financièrement. En gros, il y a 20.000 SMS d'envoyés en moins de 6 heures, grâce à des robots. Ils se sont partagés des liens d'application pour faire ça facilement.

"Des menaces de mort"

Ensuite, tout ça a a évolué pour nous attaquer Clara Gonzalez et moi-même, en diffusant nos données personnelles, adresses, numéros de téléphone, qui ne sont pourtant accessibles que dans certains registres professionnels.

Il y a aussi eu une organisation pour faire ce qu'ils appellent des "pizzarettes", c'est-à-dire commander des dizaines de plats sur Alloresto en les livrant à notre adresse. C'est très facile à faire, mais le site est équipé et arrive à détecter ce genre de comportements. Rien n'a toutefois été livré. Et puis lundi, à 23 heures, un inconnu a sonné plusieurs fois au domicile de l'un de nous: il est reparti après avoir été éconduit.

"On est au-delà du dérapage"

On est au delà du dérapage, on est dans quelque chose qui est qualifiable pénalement. On parle de condamnations à 5 ans d'emprisonnement à 150.000 euros d'amende pour perturbation du système informatique. Plus les menaces de mort, plus le harcèlement, plus l'intimidation, etc...

On a désactivé la ligne. Cela nécessitait trop d'attention et on voulait mettre fin à ces flots de messages, sécuriser la ligne et apporter une réponse légale. On rassemble des éléments de preuve qui permettront d'identifier les responsables et on a suffisamment d'éléments pour en poursuivre plusieurs d'entre eux.

"Ils en assumeront très prochainement les conséquences"

On est extrêmement préparés à ce genre d'actions parce qu'on les connaît. Clara travaille sur les questions de cyber-harcèlement et les réponses juridiques à y apporter, même si c'est encore compliqué de le qualifier pénalement. On a pu ne pas céder à la panique et prendre le temps de récolter minutieusement les preuves qui étaient laissées par l'amateurisme de ces usagers de jeuxvideos.com. Ils devront en assumer très prochainement les conséquences. On espère parvenir à un dépôt de plainte dans les 48 heures.

L'intolérance à l'égard de ces comportements monte. Ces tentatives de déstabilisation, c'est une police politique de la pensée qui s'opère par la violence. Ce sont des ressorts fascisants visant à réduire au silence des militants politiques. On voit bien que ça dérange une minorité d'hommes anti-féministes au croisement d'idéologies extrêmement nauséabondes, qui ne supportent pas l'évolution de la société. Celle-ci arrive pourtant à grands pas."

Propos recueillis par Paul Conge