“Les jeux m'ont coûté mon mariage": les Français de plus en plus adeptes des jeux d'argent

Selon l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives, plus d’un Français sur deux a joué à un jeu d’argent en 2023 (51,6 %). C’est 4,6 points de plus qu’en 2019. Les jeux de tirage restent l'activité de jeu la plus populaire. Plus d'un tiers (34,2 %) des adultes de 18 à 75 ans ont parié au moins une fois à ces jeux au cours de l’année (2023 toujours). Les jeux de grattage arrivent en deuxième position (30,9 %).
À la sortie du tabac, quatre amis croisent les doigts, chacun a acheté son jeu à gratter. Il est temps de vérifier qui a gagné. “Rien, rien, rien…”, “Moi, j’ai gagné un euro!”: Malorie est la seule grande gagnante. Avec son collègue Julien, c’est l’une des premières fois qu’ils jouent. “Je trouve ça rigolo et au final, on n'est pas sur une énorme perte. C’est convivial”, estime-t-elle. “Moi, je sais que je n’irai pas faire des jeux à gratter tous les jours. Il y a beaucoup plus de chances de perdre que de gagner”, pointe Julien.
L'espoir du gros lot
Sauf qu’évidemment, quand on joue, on espère tous un peu gagner, comme Isabelle qui vient de faire sa grille de loto.
"Il y a toujours le petit truc de se dire lundi matin, je n’irai pas travailler si je gagne le super gros lot”, souffle-t-elle.
Thomas Amadieu, sociologue, invité ce jeudi sur RMC, rappelle que le nombre de gagnants est extrêmement faible. “Il y a évidemment des gagnants, mais le nombre de gagnants rapporté au nombre de joueurs est très, très faible. Les très gros lots, ceux qui changent une vie, sont évidemment rarissimes. Les jeux d’argent sont conçus pour avoir des espérances de gain négatives, c’est avant tout profitable pour les opérateurs de jeux."
Pas assez de prévention
Mais à côté des nouveaux joueurs et des joueurs occasionnels, il y a ceux qui en deviennent addict. 5% d’entre eux sont considérés comme problématiques. Pour Guillaume Davido, addictologue, la prévention n’est pas assez efficace. “Les outils sont disponibles, mais la population en général n’est pas au courant. Ils arrivent une fois que le mal est fait. Ça prouve qu’ils n’ont pas été assez touchés par ce qui existe depuis 2015”, estime-t-il.
Philippe, auditeur de RMC, a raconté à l’antenne comment les jeux d’argent ont influé sur sa vie de couple.
“Les jeux m’ont coûté mon mariage et presque 30.000 euros. C’est ma femme qui, à l’époque, a sombré dans une dépression qu’on n’a pas vu venir et qui s’est mise à jouer sur les jeux en ligne. Elle jouait des petites sommes au départ et puis ça s’est amplifié. Je ne m’en apercevais pas parce qu’on avait la chance de ne pas avoir besoin de faire les comptes. C’est au moment de gros travaux qu’on a eu à faire que la carte bleue n’est plus passée et que je me suis rendu compte qu’il y avait un petit souci sur les comptes”, indique-t-il.
Selon Guillaume Davido, le thème des jeux d’argent n’est également pas assez abordé lors des consultations chez le médecin généraliste.