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Les langues basque, catalane et galicienne continuent à diviser l'UE

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L'Espagne réclame avec insistance que le basque, le catalan et le galicien soient reconnus comme des langues officielles de l'Union européenne, un sujet explosif qui embarrasse une partie des 27.

Le sujet a été abordé mardi par les ministres des Affaires européennes de l'UE, réunis à Bruxelles, mais la décision a été reportée, faute de consensus, a indiqué à l'issue de cette réunion la présidence polonaise du Conseil de l'UE, instance qui représente les États membres.

L'Espagne avait pourtant mis "tout son poids politique" dans la bataille, selon un diplomate à Bruxelles. Le gouvernement du socialiste Pedro Sanchez a absolument besoin des voix catalanes pour faire passer la plupart de ses textes aux Cortes, le Parlement espagnol.

Depuis une précédente tentative par Madrid en septembre 2023, qui n'avait pas eu plus de succès, un important travail a été accompli pour tenter d'apaiser les craintes de nombreux Etats membres, peu enclins à ouvrir la boite de Pandore des langues régionales.

"Ce qui est important, c'est que cela soit fait d'une manière juridiquement solide et que cela ne crée pas de précédent", a ainsi expliqué mardi Marilena Raouna, ministre chypriote adjointe aux Affaires européennes, dont le pays se dit pourtant favorable à la demande espagnole.

L'Union européenne, où l'on dénombre une soixantaine de langues régionales ou minoritaires, compte actuellement 24 langues officielles. Ce statut implique notamment que les documents juridiques de l'UE (traités, règlements ou accords internationaux) soient traduits dans ces langues, et qu'une interprétation soit disponible pour les sommets et réunions ministérielles. Une telle reconnaissance nécessite une décision à l'unanimité des Vingt-Sept.

La question du russe

Ce qui n'est toujours pas le cas. Sept pays ont manifesté leur opposition, a reconnu mardi à Madrid le ministre espagnol des Affaires étrangères José Manuel Albares. "Dès cet après-midi, je vais prendre contact avec les ministres des Affaires étrangères de ces sept pays" pour tenter de les convaincre, a-t-il ajouté. "Nous voulons que ce qui est normal dans les rues de nos villes le soit aussi en Europe", a-t-il insisté.

La plupart des pays de l'UE ont multiplié les signes d'apaisement à l'égard de Madrid. Mais pas au point d'"européaniser un sujet national", a résumé un diplomate européen. Plusieurs États membres, dont les pays baltes, redoutent, en acceptant la demande espagnole, d'être contraints de reconnaître eux-aussi le statut de langue officielle aux langues régionales utilisées sur leur territoire.

Une grande partie de la population balte parle russe et "donc, le russe pourrait devenir une langue officielle", ce que ces pays ne souhaitent pas, a ainsi expliqué Marko Stucin, secrétaire d'État slovène aux Affaires européennes.

"Il faut que ce soit fait dans le respect du droit des textes européens. Travaillons ensemble avec les Espagnols à trouver une solution", a souligné de son côté le ministre français en charge de l'Europe Benjamin Haddad.

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Le dossier compliqué par Hélène Terzian : De l’école à Bruxelles, l’ambition des langues régionales - 28/05
3:49

"Il s'agit d'une question très sérieuse"

Le service juridique du Conseil de l'UE, instance qui rassemble les États membres, a jugé qu'il était impossible d'accéder aux demandes de l'Espagne sans changer les traités, a relevé un diplomate à Bruxelles. Mais pour certains pays, il y a peut-être une possibilité de compromis.

Il suffirait pour cela de se limiter aux langues régionales implantées de longue date et déjà reconnues comme langues officielles dans les constitutions nationales. Dans ce cas, a assuré le ministre slovène, il n'y aurait en fait que trois langues éligibles: le basque, le catalan et le galicien.

Et l'Espagne a toujours assuré qu'elle était prête à payer les frais de traduction pour ces trois nouvelles langues, a-t-il ajouté. Rien n'est moins sûr, met toutefois en garde un diplomate européen.

"Il s'agit d'une question très sérieuse, qui a également des implications juridiques, et je pense qu'il serait préférable de l'examiner très, très, très attentivement", a ainsi relevé Andreja Metelko-Zgombic, secrétaire d'Etat croate aux Affaires européennes.

H.T avec AFP