Lourdes: comment les miracles sont-ils reconnus?

Près de 25.000 pèlerins sont attendus ce jeudi à Lourdes. La petite ville est le théâtre de guérisons inexpliquées, l'Eglise a même reconnu 70 miracles. Patrick Theillier, ancien responsable du Bureau des constatations médicales de Lourdes, a expliqué à RMC ce long processus de reconnaissance.

A Lourdes, l'Eglise a déjà reconnu 70 miracles. Le dernier en date a été reconnu en 2018. Sœur Bernadette Moriau souffrait d'intenses douleurs lombo-sciatiques que de nombreuses opérations n'ont pas atténué, elle vit quasiment paralysée.

En 2008, elle participe au pèlerinage à Lourdes et reçoit le sacrement des malades. "Elle ressent une sensation inhabituelle de relâchement et de chaleur dans tout son corps" et "perçoit comme une voix intérieure qui lui demande d’enlever l’ensemble de ses appareils, corset et attelle", rapporte le communiqué du diocèse. Dix ans après, elle est reconnue miraculée.

Dix ans d'enquête médicale

Dix ans de recherche médicale pour établir que la médecine ne sait pas expliquer cette guérison. Invité ce jeudi matin sur RMC Patrick Theillier, ancien responsable du Bureau des constatations médicales de Lourdes, a expliqué le long parcours de reconnaissance d'une guérison miraculeuse:

"C'est une véritable enquête. Quand les malades sortaient de chez moi, je leur demandais de revenir avec des documents médicaux avant et après la guérison pour faire une étude comparative. Et si on arrivait à la conclusion que cette guérison n'avait pas d'explication médicale, c'est un comité médical international qui se réunit une fois par an à Lourdes ou à Paris qui reprend le dossier et qui nomme un expert qui va refaire une étude complète. Les conclusions de cet expert sont présentés l'année suivante. Il y a ensuite un vote: si une majorité de deux tiers se dégage, le comité médical dira qu'il s'agit bien d'une guérison inexpliquée en l'état actuel de nos connaissances médicales".

Et le processus ne s'arrête pas là. Le dossier est ensuite transmis à l'Eglise qui doit elle-même statuer: "L'Eglise a mis des critères assez restrictifs pour qu'on puisse parler de miracle de guérison. Il faut que la maladie soit grave, connue. Il faut aussi que le traitement n'ait pas eu d'effet sur la maladie. Il y a un critère fondamental, c'est que la guérison doit avoir lieu de manière soudaine, instantanée, sans convalescence".

Paulina Benavente