Manifestation à Paris: une "gilet jaune" mise en examen, soupçonnée de déclencher le "black bloc"
Une femme "gilet jaune" interpellée samedi dans la manifestation parisienne contre la loi Sécurité globale a été mise en examen mardi, soupçonnée de déclencher avec un parapluie arc-en-ciel les violences attribuées au "black bloc", ce qu'elle conteste. Cette femme, surnommée "Moun" et âgée d'une cinquantaine d'années, a été présentée mardi à un juge d'instruction parisien après quarante-huit heures de garde à vue.
Elle a été mise en examen pour "participation à un groupement formé en vue de préparer des violences ou des destructions ou dégradations et détention non autorisé d'armes de catégorie A", selon une source judiciaire, avant d'être placée sous contrôle judiciaire.
L'enquête vise à déterminer si cette femme a pu déclencher "les infractions commises à l'occasion de manifestations récentes" attribuées à des manifestants "black bloc", qui s'en prennent aux policiers et aux symboles du capitalisme. L'avocat de "Moun", Me David Libeskind, a expliqué que "les policiers considèrent qu'elle est une meneuse et que lorsqu'elle lève très haut son parapluie arc-en-ciel", visible sur de nombreuses photos, elle fait "un signe de ralliement des blacks blocs" et "déclenche les violences".
Elle "conteste ces accusations", a ajouté Me Libeskind, et brandit son parapluie arc-en-ciel "depuis un an, en hommage aux manifestants de Hong Kong", un "signal de paix et de non-violence". "Elle est courageuse, et se positionne donc souvent près des CRS (...) ce qui fait qu'elle se retrouve près du "black bloc", souligne Me Libeskind.
Lors d'une perquisition, les policiers ont retrouvé à son domicile "une collection de grenades lacrymogènes dégoupillées" qu'elle a ramassées en manifestation, mais aussi "une grenade pas dégoupillée, ce qu'elle ne savait pas", a encore indiqué son avocat.
"Moun" a reçu le soutien de plusieurs figures des "gilets jaunes", comme Jérôme Rodrigues qui a raillé sur Twitter "le délit de parapluie arc-en-ciel".
A sa sortie du tribunal judiciaire de Paris mardi, elle a été accueillie par des chants de "gilets jaunes". En pleurs, elle a déclaré à "Vécu", un média proche des "gilets jaune", "ne pas comprendre ce qui lui est arrivé".