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Moitié de la 'jungle' de Calais rasée: "C'est l'hiver, il fait froid, je ne sais pas où aller"

La 'jungle' de Calais.

La 'jungle' de Calais. - AFP

TÉMOIGNAGES – La partie sud de la "jungle" de Calais doit disparaître avant le 1er mars. À partir de ce lundi, les migrants ont une semaine pour quitter de leur plein grès leurs baraques en bois, ensuite ce sera manu militari. RMC s'est rendue dans le bidonville, rencontrer migrants et bénévoles, totalement désemparés.

La moitié de la "jungle" de Calais doit disparaître avant le 1er mars. Voilà, en substance, le message de la préfecture du Pas-de-Calais et donc de l'Etat. Un message que le sous-préfet, Vincent Berton, est chargé de délivrer aux migrants en personne, ce lundi dans la "jungle" de Calais.

À partir de ce lundi, les migrants ont une semaine pour quitter de leur plein grès leurs baraques en bois. La semaine prochaine, ils y seront forcés. Aujourd'hui, 4.000 migrants vivent dans le bidonville, répartis dans diverses zones.

"C'est tout ce qu'on a"

Fin janvier, la préfecture a déjà évacué 600 personnes, près de la rocade portuaire. A terme, les autorités ne veulent pas accueillir plus de 2.000 migrants à Calais.

RMC s'est rendue dans le bidonville de Calais, rencontrer migrants et bénévoles, inquiets et totalement désemparés. Ce jour-là, il pleut à grosses gouttes et l'artère principale n'est plus qu'une allée boueuse. Mais Hassan, un Afghan, est au sec dans sa petite épicerie, une cabane en bois où il vend des fruits et légumes.

"C'est pas possible de tout raser", s'alarme-t-il au micro de RMC. "C'est l'hiver, il fait froid. C'est tout ce qu'on a. Je ne sais pas où aller".

"C'est dommage de casser le peu qu'on a fait"

Le long de l'allée, une enfilade de restaurants afghans faits de bric et de broc, des échoppes, des bars, des habitations. Une vie de village s'est créée ici. Liam est bénévole à l'association Salam, qui aide les migrants.

"C'est limite une ville à part entière", explique-t-il. "Ils ont tout ce qui est utile à leur vie, en soi. C'est dommage de casser le peu qu'on a fait. Les gens ont besoin d'un peu de vie sociale, parce qu'ils sont entassés comme des animaux dans des bungalows sans fenêtres. Où les policiers rentrent toutes les deux minutes. Où ils ne peuvent pas fumer leur cigarette. Où ils ne peuvent pas boire leur thé".

Des containers aménagés et chauffés ont été installés par l'Etat pour loger les migrants. Il reste 500 places disponibles, loin des 2.000 qu'il faudrait pour reloger tout le monde.

"Grande Synthe est tenu par les passeurs"

A 40 kilomètres de là, un autre camp, celui de Grande-Synthe. Quelque 2.000 personnes vivent sous des tentes en toile installées en plein vent. Les conditions y sont bien pires que dans la jungle, mais les migrants de Calais risquent de ne pas avoir d'autres choix. Claire est bénévole à Grande Synthe:

"S'il arrive 2000 personnes, ça ne sera pas possible: ça va poser des problèmes de places. Et puis, il y a les problèmes des passeurs. Le camp de Grande Synthe est tenu par les passeurs. On ne peut pas être sur le camp de Grande Synthe, comme migrant, si on ne paie pas une 'taxe'. Les migrants de Calais, s'ils n'ont pas l'argent pour payer, ils ne peuvent pas venir à Grande Synthe. C'est évident que ça ne va pas se passer facilement".

Grande Synthe est également voué à disparaître. Un nouveau camp de tentes aménagées doit voir le jour dans 2 semaines. Capacité d'accueil: 2500 personnes tout au plus.

C. P. avec Amélie Rosique