Musulmans et juifs ne veulent pas faire les frais de la campagne

En pleine polémique sur les viandes halal et casher, les responsables des communautés juive et musulmane sont reçus à partir de ce mercredi par le 1er ministre. Des communautés qui se sentent montrées du doigt et qui ne veulent pas faire les frais de la campagne présidentielle.

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François Fillon reçoit ce mercredi le Grand rabbin de France Gilles Bernheim, et le président du Consistoire central israélite Joël Mergui. Le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Mohammed Moussaoui, sera lui reçu jeudi.
Le chef du gouvernement souhaite rencontrer les représentants religieux pour calmer les esprits en pleine polémique sur les viandes halal et casher. François Fillon souhaite s’expliquer notamment sur ses propos de lundi, quand il a suggéré aux grandes religions de revenir sur les « traditions ancestrales » qui ne correspondent plus « à grand-chose ». Une phrase qui a provoqué l'ire des responsables des communautés juive et musulmane, qui ont prévenu qu'ils n'entendaient pas faire les frais de la campagne présidentielle en étant « stigmatisés » ou en devenant des « boucs émissaires ».

«Il y a une blessure de la communauté juive»

« De nombreux juifs de France m'ont appelé pour exprimer leur inquiétude quant à la tournure que prend cette discussion sur l'abatage rituel et notre religion » explique sur RMC Joël Mergui, le président du Consistoire central. « Le 1er ministre a compris qu'il y avait une blessure de la communauté juive de France. Nous allons lui redire et lui réexpliquer ce que nous avons ressenti. Nous attendons surtout qu’il redise, je l'espère avec force, que le judaïsme a droit de cité en France et que la laïcité ne va pas menacer notre religion. Nous ne voulons pas de remise en question de l'abattage rituel qui est le fondement de notre religion »

«On a l’impression qu’on est toujours un problème»

Juifs et musulmans cohabitent dans le 20è arrondissement de Paris, et beaucoup se disent blessés par les propos de ces derniers jours sur l’abattage rituel. Pour Sami « Nicolas Sarkozy veut juste récupérer le vote de l’extrême-droite. Les musulmans mangent halal depuis toujours et ça n’a jamais gêné personne jusque-là. C’est uniquement un problème politique ». Abdel, lui, se sent constamment montré du doigt dans cette campagne : « C’est énervant à la longue d’entendre parler des musulmans toute la journée. En quoi ça dérange de manger halal ou casher. On a l’impression qu’on est toujours un problème ! ».
Même incompréhension pour Martine, qui tient un restaurant casher : « Que les candidats à la présidentielle parlent plutôt des vrais problèmes, du chômage et de la misère du monde. Franchement, la viande halal ou casher, ça n’a rien à voir avec la présidentielle ».

La Rédaction avec A. Perrin et JJ. Héry