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"On a d'abord proposé de me muter": Jeanne, enseignante, menacée par une de ses élèves

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Jeanne, enseignante en Seine-Saint-Denis, a témoigné dans les Grandes Gueules avoir été menacée par une de ses élèves et explique les manquements de la justice et des services sociaux entre temps.

Alors que le meurtre de la petite Rose, cinq ans, est dans toutes les têtes, la question du fonctionnement des services sociaux se pose. L'adolescent suspecté de ce meurtre a en effet été place en centre éducatif fermé pendant un an, entre février 2022 et février 2023.

Dans les Grandes Gueules sur RMC et RMC Story, Jeanne, enseignante en Seine-Saint-Denis depuis dix, a témoigné de son expérience et du manque de moyens humains dans les services sociaux et les services publics en général. Cette professeure a été menacée par une de ses anciennes élèves, 17 ans au début de l'affaire 19 ans à la fin.

"J'ai été harcelée pendant deux ans et demi par une ancienne élève et avant de savoir qui est une ancienne élève, j'ai reçu des courriers chez moi. Elle s'est déplacée chez moi, a déposé des courriers en disant qu'elle m'observait, qu'elle est amoureuse de moi. C'est vraiment allé très très loin", raconte-t-elle.

"Plusieurs dysfonctionnements"

Elle explique qu'entre le début de ces menaces et le jugement au tribunal, il y a quelques jours, elle a "été confrontée à plein de problèmes" à cause du "manque de moyens humains."

"La première chose que l'Éducation nationale m'a proposé, quand même, c'est de muter. Le problème, ce n'était pas l'élève - qui avait un problème - mais moi."

Jeanne explique que plus qu'une sanction, elle souhaitait que cette élève soit "suivie parce qu'il y avait un problème": "C'est une élève que j'ai eu pendant l'année du confinement qui à ce moment-là était très très mal, a vu une tentative de suicide. Donc j'ai été très présente cette élève et donc a priori, selon les psychologues, elle m'a considérée comme sa sauveuse et après elle a fait une obsession."

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Un manque de suivi, un manque d'effectifs

Jeanne aussi a du voir les psychologues, "pour vérifier que j'étais bien quelqu'un d'équilibré." "Sauf qu'en fait, je me suis rendu compte au bout de deux ans et demi que l'élève n'avait pas eu d'obligation de suivi. Donc j'ai pris un avocat pour pouvoir faire en sorte que ce soit considéré."

Si elle a été "très bien suivie par (son) directeur qui (l'a) accompagné pour porter plainte" elle dénonce un manque d'effectifs chez les profs, les services sociaux, les policiers: "le premier souci, c'est que je suis tombé sur une fonctionnaire de police qui était très très bien mais entre temps, elle est partie."

Pour Jeanne, "il y a un problème dans notre système" qui "ne met pas les moyens humains sur les personnes qui pourraient justement détecter" de tels problèmes psychologiques. Pour elle, il aura fallu deux ans et demi pour que cela soit pris en compte.

https://twitter.com/mmartinezrmc Maxime Martinez Journaliste RMC