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"On a une conjonction des peurs": pourquoi la baisse de la natalité se poursuit en France

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L'Insee vient tout juste d'enregistrer le 34e mois consécutif de baisse des naissances quotidiennes en comparaison de l'année précédente. La tendance s'explique par les priorités changeantes des Français ou des contraintes économiques, mais surtout par la peur liée à l'actualité.

Une tendance à la baisse qui se confirme. En avril 2025, 51.605 naissances ont eu lieu dans l'Hexagone, soit une baisse de 3,2% par rapport à avril 2024, a constaté l'Insee. La France vient donc d'enregistrer son 34e mois consécutif lors duquel le nombre de naissances quotidien moyen est inférieur à celui du même mois un an auparavant.

Les Français font de moins en moins d'enfants, et c'est un problème d'un point de vue démographique et économique. Après l'appel à un "réarmement démographique" lancé en janvier 2024 par Emmanuel Macron, force est de constater que le taux de fécondité continue de baisser.

Des raisons budgétaires ou personnelles

Au sein de la population, les arguments varient. Olivia, 31 ans, n'éprouve aucun désir d'enfant et ne changera pas d'avis.

"Les moyens que j'ai, je veux les investir pour moi et pas pour un enfant. Mon chéri est plutôt d'accord avec moi, donc tout va bien", confie-t-elle au micro de RMC.

Pour le couple, l'heure semble être celle de se donner la priorité. "On a galéré quand on était jeune. Aujourd'hui, si on a une bonne vie, c'est pour nous", ajoute Olivia.

De son côté, Sabrina est la mère d'un garçon de 2 ans. Il lui coûte cher et c'est d'ailleurs pour des raisons budgétaires qu'elle ne souhaite pas d'un second enfant avec son compagnon.

Leur budget est serré. "3.500 euros net à deux", précise-t-elle, soit une somme "pas du tout suffisante" pour accueillir et offrir l'essentiel à un enfant.

"On a la crèche à payer, entre 400 et 500 euros par mois", estime-t-elle. "Il y a les couches, le lait, les activités et notre salaire ne nous permet pas de faire plein de choses, c'est évident", ajoute Sabrina.

L'influence de l'actualité

Pour tenter d'inciter les Français à faire au moins un enfant, le gouvernement comme les parlementaires réfléchissent à différentes pistes.

Le PCF propose, par exemple, des allocations familiales dès le premier enfant. La ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, Catherine Vautrin, soutient la création d'un chèque naissance.

Sauf que ces aides financières ne devraient pas suffire à persuader la population à sauter le pas, d'après la démographe Stéphanie Toutain.

"On a une conjonction des peurs: le Covid, la guerre en Ukraine, l'éco-anxiété... Les couples hésitent à mettre au monde un enfant dans un environnement dégradé", explique la spécialiste.

Un autre point de blocage existe aussi pour les femmes, selon la démographe, qui considèrent que les enfants représentent toujours un frein dans l'avancée de leurs carrières.

Rachel Saadoddine avec Mélanie Hennebique