"On en a marre de descendre dans la rue tout le temps": la communauté juive excédée face à l'antisémitisme

Un rassemblement pour dénoncer l'antisémitisme est organisé ce jeudi à 18h30 place de la République à Paris, à l'appel de SOS Racisme et d'une dizaine d'organisations (Fondation des femmes, Ligue des droits de l'homme, Golem, Osez le féminisme...). Un rassemblement contre l'antisémitisme doit également se tenir dimanche à Courbevoie.
Mercredi déjà, la communauté juive s'est mobilisée dans la capitale, devant l'Hôtel de Ville, à la suite de l'agression et du viol d'une fillette de 12 ans à Courbevoie, en région parisienne, samedi. La jeune fille a été violée et frappée en raison de son appartenance à la communauté juive. Trois suspects de 12 et 13 ans ont été mis en examen.
Plusieurs centaines de personnes se sont donc regroupées à l'appel du collectif Nous Vivrons, créé après les attaques du 7 octobre. A Lyon également, un autre rassemblement a réuni une centaine de personnes.
Colère et tristesse chez les manifestants
Un regroupement évidemment en soutien à la jeune fille, mais qui a également revêtu un fort caractère politique, à moins de deux semaines des élections législatives. Dans les yeux des centaines de manifestants, quasiment tous de confession juive, peu de larmes. "Ca fait quand même quelques mois qu'on en a et on est un petit peu à sec", raconte une des participantes. Mais énormément de colère.
"Ce que l'on vit, ce que cette gamine a vécu, c'est 8 mois de paroles qui légitimisent l'antisémitisme comme un acte banal", déplore Déborah, manifestante.
"La politique de la France y est pour quelque chose"
Devant l'hôtel de Ville, Julia, interrogée par RMC, s'emporte: "On fait des manifestations pour montrer notre mécontentement, mais ça suffit! On en a marre de descendre dans la rue tout le temps. On en a vraiment marre, c'est de la colère. On est révoltés de devoir se défendre comme ça à chaque fois qu'il arrive quelque chose".
Avant de poursuivre: "Ce n'est pas normal qu'une petite dans notre pays ait dû cacher sa religion pour avoir un petit copain mais en plus qu'elle ait été violée et insultée. C'est inadmissible, je suis révoltée et je pense que la politique de la France y est vraiment pour quelque chose".
Au-delà de l'hommage, Florence, une autre participante, était aussi là pour envoyer un message à tous les partis politiques à 10 jours du premier tour des élections législatives:
"Les Juifs sont des gens comme les autres, ils ne doivent pas être le bouc émissaire de tous les maux de la terre".
Et sur place ce mercredi, plusieurs responsables politiques étaient présents pour participer. Le garde des Sceaux Eric Dupond Moretti, l'ancien ministre Clément Beaune, ou le député sortant Renaissance Sylvain Maillard étaient notamment présents.
LFI accusé d'antisémitisme
Tous, sur ce parvis, ciblent particulièrement La France Insoumise qu'ils accusent d'antisémitisme. Méryl, comme beaucoup d'autres manifestants, est complètement perdue: "Personne ici n'a envie de voter pour le Front National (Rassemblement National) et personne ne votera pour La France Insoumise. C'est très compliqué, on est dans une situation où on se reconnaît nul part".
Sur X (anciennement Twitter), Jean-Luc Mélenchon avait réagi au drame, se disant "horrifié" et dénoncant les "comportements masculins criminels dès le jeune âge" et le "racisme antisémite".
Et pour s'y retrouver dans le paysage politique, le collectif Nous Vivrons, à l'origine du rassemblement mercredi, a envoyé une charte à tous les candidats aux élections législatives pour qu'ils s'engagent contre l'antisémitisme.
Ces derniers sont appelés à la signer notamment par le fondateur du collectif, Benjamin Cymerman.
"On veut des mots, des actes et une définition claire de ce qui est antisémite ou pas. Le deuxième acte c'est de faire des vraies formations dans les partis politiques sur l'antisémitisme, appeler à de la clarté dans le combat", demande-t-il.
Et Benjamin Cymerman prévient: le collectif souhaite publier les noms des signataires. Mais aussi des candidats qui ont refusé d'adopter cette charte.