"On verra si on tient le coup": les sans-abris, premières victimes du froid

À Carpentras, dans le Vaucluse, l'autopsie réalisée ce mercredi sur la femme d'une soixantaine d'années, retrouvée morte la veille dans la rue, confirme qu'elle est bien morte de froid. 48 départements d'une large moitié nord du pays sont toujours en vigilance jaune grand froid selon Météo France. À Paris, où le plan grand froid est activé, les températures négatives qui vont persister jusqu'à la fin de la semaine inquiètent, alors que près de 3.000 personnes dorment à la rue.
Le froid mord, pique, transperce la toile d’une tente de fortune, la doudoune abîmée, et la peau de cet homme de presque 51 ans réfugié sur un trottoir escarpé près de Beaubourg, quartier touristique et chic de Paris.
“Là, l’hiver, je ne sais pas comment on va le passer. Enfin, on verra si on tient le coup", confie-t-il.
Trop peu de places d'hébergement d'urgence
Un binôme de travailleurs sociaux d'Emmaüs Solidarité vient à sa rencontre. Les maraudes ont été renforcées par le plan grand froid. Cela permet à Mathias et Géraldine de passer voir presque chaque jour toutes les personnes les plus fragiles du quartier. “On est vraiment très inquiets pour certaines personnes, notamment les personnes vieillissantes qui sont à la rue depuis très longtemps. La personne a pu être exposée à une nuit très difficile ou alors elle a pu perdre son duvet, alors que c’est primordial de l’avoir sur une nuit où il fait très froid”, pointe Géraldine.
Le plan grand froid n'est pas suffisant, complète leur directeur général, Lotfi Ouanezarn. Pour les 3.000 sans-abris estimés à Paris, seulement 328 places d'hébergements d'urgence ont été débloquées depuis mardi.
“Il faut aller plus loin. Ce sont des centres temporaires, il faut créer des centres beaucoup plus pérennes”, juge-t-il.
De nombreuses personnes rencontrées pendant la maraude confient qu’elles n'appellent plus le 115. Elles ne rêvent pas de nuits ballottées à droite, à gauche, mais d'un logement pérenne.