Pannes d'ascenseur: des députés veulent obliger les sociétés de maintenance à réparer en 8 jours

Les pannes d'ascenseur sont au menu des députés ce jeudi. Un texte leur est présenté pour obliger les sociétés d'entretien et de maintenance des ascenseurs d'agir plus rapidement pour les réparer.
Les parlementaires socialistes à l'origine de cette proposition de loi, Philippe Brun et Laurent Lhardit, veulent que le constat d'une panne soit effectué, au pire, en deux jours.
"Nous voulons imposer un stock de pièces obligatoire parce que ce qui se passe aujourd'hui c'est qu'il y a quatre sociétés qui détiennent la majorité du marché", explique Philipe Brun ce jeudi matin sur RMC.
"Donc quand il y a une panne ils font fabriquer la pièce à l'étranger et le temps qu'elle arrive, nous on n'a pas de moyens de transport. On veut que ça s'applique à tous les contrats y compris dans les immeubles plus modestes", ajoute-t-il.
Et surtout que la réparation soit effectuée sous huit jours, sous peine d'une astreinte de 1.000 euros par jour de retard. L'objectif, c'est évidemment de limiter les problèmes pour les habitants alors que l'ascenseur est le premier moyen de transport en France avec 100 millions de trajets par jour selon le baromètre de la Fédération des ascenseurs en mars 2024.
Une fédération qui dénonce une "proposition déconnectée de la réalité du terrain".
"Cette proposition fait l’impasse sur trois problématiques fondamentales : la vétusté du parc d’ascenseurs en France, les difficultés rencontrées dans des copropriétés dégradées situées dans des quartiers prioritaires et le vandalisme", écrivent-ils dans un communiqué.
Des problèmes de stock
Car sur le terrain les choses sont en effet compliquées. À peine 3h après avoir signalé un ascenseur en panne dans son bâtiment, c'était tout de même le soulagement pour Patricia quand elle a vu un réparateur arriver. "Six étages à monter, c’est lourd. C’est contraignant surtout quand on revient avec les courses", indique-t-elle.
Patrick était donc attendu. Et le technicien va passer plus d'une heure dans la cage d'ascenseur qui explique que ce n’est "pas une grosse intervention". "Il n’y a pas de changement de pièce, ça va être plus du réglage”, assure-t-il. Et ça, c'est la vraie bonne nouvelle.
Car c'est quand il faut remplacer une pièce que les galères commencent pour les résidents... et le technicien. “Comme c’est un système assez ancien, il y a des pièces qu’on peut ne pas trouver. On a du stock certes, mais comme on fait du multimarques on ne peut pas avoir un stock pour tous les appareils. C’est impossible”, pointe-t-il.
Alors s'il faut réparer tous les ascenseurs en moins de 8 jours, il va falloir que tout le monde joue le jeu, s'inquiète Miguel, le patron de l'entreprise de Patrick.
“Certains fournisseurs que je ne vais pas nommer ont la pièce en stock. Mais pour qu’elle parte de chez eux, il faut une semaine. Comme vous avez des fabricants qui sont mainteneurs, leurs stocks est-ce qu’ils vont le partager ou privilégier leurs équipes de maintenance?”, s’interroge-t-il.
Et à ces doutes s'ajoute un problème de recrutement. Le métier d'ascensoriste attire peu alors qu'il y a toujours plus d'ascenseurs sur lesquels intervenir.