Pauline Déroulède: "Il n'existe pas de loi pour les personnes inaptes" au volant

En 2018, Pauline Déroulède est fauchée par un conducteur âgé de 92 ans. Dans cet accident, elle perd sa jambe gauche. Après sa rééducation, elle décide de se donner un objectif: participer aux JO 2024 de Paris, en tant que joueuse de tennis handisport. L'athlète de 34 ans y parviendra mais se fera éliminée dès le premier tour. Dans un documentaire qui sort lundi sur Canal+, Impossible, elle y relate sa reconstruction.
La déception passée, la triple championne de France se projette désormais sur les JO 2028 à Los Angeles. Parrallèlement, elle mène un autre combat, cette fois dans le domaine de la sécurité routière et souhaite notamment instaurer une visite médicale obligatoire pour tous les conducteurs, tous les 10 ans, et tous les 5 ans à a partir de 75 ans.
"On a écrit une proposition de loi, qui j'espère sera inscrite à l'Assemblée nationale et débattue courant avril, lors d'une semaine transpartisane", explique-t-elle au micro de RMC, invitée d'Anaïs Matin.
Lobbying auprès des députés
Dans son documentaire, on peut en effet voir Pauline Déroulède se rendre au Parlement européen, afin de convaincre les eurodéputés de voter une loi sur l'obligation des visites médicales. En vain. Mais elle ne désespère pas et c'est ainsi qu'elle pratique depuis un "lobbying" auprès des députés français.
Avec sa proposition de loi, la joueuse de tennis espère ainsi mettre en lumière le fait qu'il "n'y ait pas de loi pour les personnes inaptes" au volant. "Il y en a pour ceux qui boivent, qui se droguent et qui sont en infraction et qui sont irresponsables."
Le conducteur qui a fauché Pauline Déroulède était "responsable", selon elle. "C'était un conducteur exemplaire, victime de lui-même, ce sont ses mots, je l'ai rencontré. Si il y avait eu une loi, il l'aurait respectée."
"Cela montre qu'on peut être tout à fait responsable, de bonne foi à vouloir respecter le Code de la route mais par manque de réflexes, de capacités cognitives et physiques, on provoque un accident", poursuit l'athlète. Celle-ci réfute toute démarche stigmatisante, car la visite serait obligatoire pour tous les conducteurs et surtout, assure porter l'avis des "victimes mais aussi celui des responsables."
"Le monsieur qui m'a fauchée, il est mort de chagrin, personne n'a envie d'être à sa place", insiste Pauline Déroulède
Dans le documentaire, Pauline Déroulède met égalemente en avant le rôle des "victimes de l'ombre", qui accompagnent les personnes en situation de handicap et/ou victimes d'accident. "Pour moi, ce sont elles les vrais héros de l'histoire", assure-t-elle sur RMC. Ces soutiens, ainsi que "l'énergie du public", ont porté l'athlète jusqu'aux JO 2024, malgré la déception de l'élimination dès le 1er tour. "C'est ce qui me donne la force pour rempiler pour 4 ans, jusqu'aux JO de Los Angeles", assure-t-elle.
"80% du handicap est invisible"
Malgré la ferveur des JO 2024, le combat continue, tant pour une meilleure pratique sportive chez les jeunes et renforcer l'accessibilité chez les personnes en situation de handicap. Une manifestation est ainsi prévue le 10 février à Paris en ce sens, alors que le monde du sport s'est indigné de façon générale après l'annonce de la baisse du budget du ministère des Sports.
"Le sport est un moteur dans la vie des jeunes. L'accessibilité, chacun doit en prendre absolument conscience, alors que 80% du handicap est invisible", rappelle la joueuse de tennis handisport.