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Pensez-vous que le mouvement des "gilets jaunes" est derrière nous? Ça fait débat sur RMC

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Emmanuel Macron a assuré lors d’un échange à la presse, à Bormes-les-Mimosas, que "ce qui crée la colère sincère d’une partie de la population" n’est pas derrière nous. Cela va dans le sens des évènements de cette semaine.

Ils étaient encore 6.000 "gilets jaunes" à manifester avant-hier pour le 33e samedi consécutif. Une mobilisation encore en recul, certes, mais une mobilisation quand même. Samedi, une permanence d’un député La République en marche a été attaquée à Perpignan, les vitres ont été cassées, les "gilets jaunes" ont même tenté de mettre le feu au local.

Avant cela, jeudi, une autre permanence LREM a été prise pour cible. Des agriculteurs de Haute-Saône ont monté un mur devant pour protester contre le vote du CETA, le traité de libre-échange entre l’Europe et le Canada.

"Le mouvement ne peut pas être terminé"

La colère est donc bien toujours là, comme l’affirme le président et comme le pense François Boulo, avocat et porte-parole des "gilets jaunes" de Rouen:

"Le mouvement ne peut pas être terminé puisqu'Emmanuel n'a apporté aucune réponse politique. Il n'a accueilli aucune des revendications portées par les 'gilets jaunes'. Il y a la parole et les actes. Il nous dit qu'il sait que la colère n'est pas apaisée, mais il continue à donner des cadeaux fiscaux aux ultra-riches de ce pays, il continue dans ses réformes qui viennent précariser les chômeurs. Il est bien évident que les gens ne sont pas rentrés chez eux rassurés, apaisés et avec le sentiment d'avoir été entendus par le président de la République. La colère est toujours là et elle se manifestera de nouveau à la rentrée ou dans les prochaines semaines".

Mais est-ce que cette sortie d’Emmanuel Macron assurant que les "gilets jaunes" ne sont pas morts ne vise pas à les enterrer? Il tente de montrer qu’il a compris les leçons même s’il se refuse à parler de "crise" et tente également de faire preuve d’humilité alors que son "arrogance" lui a été reprochée.

"Le gouvernement fait le pari que le mouvement va disparaître"

C’est en tout cas l’analyse que fait Stéphane Zoumstègue, le directeur du département "Opinions et Politique" à l’institut Ipsos. Pour lui, l’objectif d’Emmanuel Macron est d’éviter absolument toute nouvelle tension à la rentrée:

"Ce mouvement s'est quand même étiolé. Samedi après samedi, il y avait de moins en moins de manifestants. Je pense que le gouvernement et le président font le pari que petit à petit, le mouvement va disparaître –à l'exception de quelques personnes-. L'enjeu du gouvernement, c'est que la mobilisation ne recommence pas en septembre, mais pour cela il faut des gestes d'apaisement. C'est ce qu'a essayé de faire le président de la République. Il a parlé d''injustices sociales', on aurait pu considérer qu'il défendait le bien-fondé de ce mouvement des 'gilets jaunes'. Donc beaucoup de prudence et d'humilité pour éviter que le mouvement reprenne en septembre".

Pourtant, le président a pu donner l’impression que, pour lui, le mouvement de contestation était bel et bien terminé. Mardi, Emmanuel Macron, lors d’un dîner avec ses ministres, a lancé que la France était "passée des 'gilets jaunes' au maillot jaune", comme si la réussite de Julian Alaphilippe sur le Tour avait fait oublier la colère. Le président tient donc un double discours en fonction de ses interlocuteurs.

Lucas Scaltritti