Pompier blessé par balle dans l'Essonne: "On sait que ça peut exploser à n'importe quel moment"
Ce sont des témoignages rares: face caméra, des habitants osent dire leur ras-le-bol et leurs craintes de voir leur ville, Etampes, chavirer. En cause: le tir qui a blessé un pompier en intervention la veille dans cette ville d'Essonne, une "première intolérable" selon la profession.
Le pompier, un sergent-chef, a été touché à un mollet par un tir d'arme à feu qui a traversé sa jambe alors qu'il intervenait pour éteindre un feu de véhicule à Guinette, un quartier défavorisé. Au moment du tir, vers 23h20, il n'y avait aucun individu au contact des policiers et des pompiers en intervention. "Ils n'ont même pas entendu la détonation", selon une source policière.
Au lendemain des faits, Alexandre, commerçant et natif de la commune est venu en curieux devant la caserne. L'agression du pompier ne l'étonne pas: "Il y a plusieurs quartiers où la délinquance augmente, au fur et à mesure du temps et des années. Et ça va en s'empirant... On a envie de partir, de passer à autre chose" souffle-t-il.
Un climat de tensions observé par beaucoup d'habitants du centre-ville: "On sait que ça peut exploser à n'importe quel moment, constate Jacqueline. J'adore ma ville, je suis née ici, mais de plus en plus, j'ai du mal à la reconnaître. Ca me chagrine".
Sur RMC, Antonin, qui vit à Etampes, fait le point sur cette ville pourtant calme en temps normal: "C'est le fait d'une minorité de personnes. Il faut qu'elles soient retrouvées et jugées pour cela".
"On ne vit pas dans le monde des Bisounours. Certains personnes visent délibérément les pompiers ou les forces de l'ordre pour protéger certains trafics. Ou pour s'amuser pour certains. Quand vous visez un pompier, vous visez quelqu'un qui est là pour votre sécurité, pour intervenir quand vous avez des soucis, il ne représente pas une force qui peut oppresser. La délinquance a baissé depuis les années 2000. C'est le fait d'une minorité de personnes. Il faut qu'elles soient retrouvées et jugées pour cela" a-t-il décrit.
"Un sentiment de servir d'appât"
Agé de 49 ans, le pompier est désabusé selon ses supérieurs: c'est sa troisième agression en moins de 10 mois. Au sein de la caserne d'Etampes, ses collègues sont encore très affectés par les événements. Certains ont consulté un psychologue.
Alain Caroli, à la tête de cette caserne depuis 10 ans, décrit l'état psychologique de ses hommes: "Il y a un sentiment d'injustice, de servir d'appât, de jeu. C'est une chose qu'on n'avait jamais vécu. Il y a des phrases d'incivilités qui sont très impactantes individuellement, du style 'on sait où tu habites, on te retrouveras...'", constate le Directeur départemental du SDIS 91.
Le pompier agressé et ses supérieurs vont maintenant discuter d'un possible départ de la caserne d'Etampes pour qu'il poursuive sa carrière plus sereinement.
Pourtant, cet événement ne fait en réalité qu'illustrer la réalité: "Au quotidien, ces agressions sont régulières" a dénoncé Jérôme, pompier dans la Drôme, sur RMC. Mercredi, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin donnait le chiffre de 2045 pompiers agressés en 2019.