Pompiers en colère: "Je rentre chez moi en me demandant pourquoi je me suis levé"

Depuis le début de l’année 2019, 1274 agressions physiques ou verbales à l’encontre des pompiers ont été enregistrées (au 5 septembre). Certains sont à bout, comme Pierrick qui a décidé de jeter l'éponge.

Les sapeurs-pompiers se rassemblent ce mercredi pour leur congrès annuel à Vannes dans le Morbihan. Sous-effectifs, manque de matériel, agressions, les soldats du feu sont à bout. Depuis le début de l’année 2019, 1274 agressions physiques ou verbales à l’encontre des pompiers ont été recensées. Ils défileront dans la rue pour protester contre le manque de réponses apportées par le gouvernement.

Face à cette situation, certains décident tout simplement d'abandonner, comme Pierrick, pompier professionnel depuis 12 ans dans le Val-d'Oise, un département qui compte 900 pompiers aujourd'hui soit 300 de moins qu'il y a dix ans, pour beaucoup plus d'opérations à mener: "Je me suis engagé pour faire du secours d'urgence. A partir du moment où la vie d'une personne est en danger, je suis là pour intervenir. Bien souvent, je me retrouve à faire du transport sanitaire, pour emmener des gens en consultation à l'hôpital. A partir du moment où l'on ne se retrouve plus dans les missions qu'on fait tous les jours, on se pose la question de savoir s'il faut continuer".

"Une fatigue physique et psychologique"

Un travail que Pierrick trouve chaque jour un peu plus usant, sans contrepartie de l'Etat, pas même la reconnaissance du statut de métier à risque: "Ça pourrait un peu compenser tout ça, mais aujourd'hui ça n'est pas le cas. Quand je vois certains collègues de la police municipale, je comprends entièrement que ce soit un métier à risque mais du coup je me demande pourquoi je ne le suis pas".

Ce père de famille de 35 ans a donc décidé de quitter son métier dans les prochaines semaines: "Tout ça accumulé engendre une fatigue à la fois physique et psychologique. Je rentre parfois chez moi en me demandant pourquoi je me suis levé et pourquoi j'ai été faire ça".

Sa décision est prise, Pierrick a mis sa maison en vente, il quittera son casque et sa région avant la fin de l'année.

Mahauld Becker-Granier (avec P.B.)