Pourquoi l’alcool coule à flot sur les réseaux sociaux

Gin, pastis ou encore bière coulent à flot sur les réseaux sociaux… au mépris de la loi Evin. L’Association Addictions France publie un rapport préoccupant. Nos enfants sont activement ciblés par le marketing de l’alcool. Pourtant, la loi Evin de 1991 interdit la promotion de l’alcool à la télé et au cinéma, les images que regardaient les jeunes... il y a 30 ans. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts. De l’eau… et des litres de bière. Addictions France dénonce un nouveau far west, celui des réseaux sociaux. Sous les radars des parents, la promotion de l’alcool est omniprésente et les contrôles très limités. Les résultats que présente l’association sont accablants: 79% des 15-21 ans déclarent voir des publicités pour de l’alcool toutes les semaines. De la pub directement dans la poche, sur le smartphone.
Les marques les plus actives sont citées: Ricard, Heineken, Apérol Spritz ou encore Bombay Saphire. D’ailleurs, le rapport fait un lien entre la politique marketing de cette dernière et le retour de la mode du Gin Tonic. On ne parle pas de la publicité à l’ancienne, clairement identifiée comme telle. Les publicitaires savent faire… Sur les réseaux, l’alcool est présent dans des images de fête, des petits films en lien avec les loisirs, les vacances, la mode… ou même des jeux concours pour gagner des bouteilles.
Avec ce qui est propre aux réseaux sociaux comme format: les stories sur Instagram. "Quand on a un contenu qui ne dure que 24 heures, et qui est vu par des millions de personnes, on n’a pas le temps de pouvoir se mettre en ordre de marche pour faire des constats et intenter des actions à l’encontre de ces publications" explique la directrice de la communication d’Addictions France, Myriam Savy.
Prise de conscience et nouvelle loi?
La loi Evin de 1991, c’est la préhistoire pour le monde de TikTok et d’Instagram. C’est pourtant ce texte qui fait référence, avec ses 75.000 euros d’amende. Une paille pour les vendeurs de cocktails… Autre problématique: le rôle des influenceurs. La loi de 2023 prévoit 15 agents chargés de surveiller… 150.000 créateurs de contenus. Les influenceurs sont parfois payés par les marques pour valoriser l’alcool, pour jouer avec, pour en donner une image positive, tous sujets confondus. Et l’alcool n’est pas leur priorité.
Addictions France rappelle que l’alcool, c’est un tiers des condamnations pour violence, un féminicide sur deux. Et pour en revenir à nos ados, un tiers des jeunes de 17 ans déclare au moins un épisode d’alcoolisation massive, et 15% des élèves de 4e/3e, alors que le cerveau n’arrive à maturité qu’à l’âge de 25 ans. Avant cela, on l’abime avec de l’alcool, qui réduit les capacités d’apprentissage. Sans parler de la porte d’entrée vers des addictions lourdes à l’âge adulte.
Il y a des solutions, dans ce rapport. D’abord s’attaquer à ces influenceurs, avec peut-être une prise de conscience dans une vidéo publiée ce jeudi par les youtubers McFLy et Carlito. Autre piste: responsabiliser les hébergeurs Instagram, Tiktok, Youtube, avant d’envisager des recours en justice. Enfin, clairement, Addictions France demande une forme de loi Evin de 2024 pour interdire la pub pour l’alcool sur les réseaux sociaux.