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Propos du pape sur l'homosexualité: "Un message de rejet et d'intolérance"

Le pape François a recommandé dimanche la psychiatrie pour les enfants dont les parents constateraient l'orientation homosexuelle. Des propos qui blessent les chrétiens homosexuels.

Les propos du pape ont choqué la communauté homosexuelle. De retour d'Irlande après une visite dominée par les abus de pédophilie dans le clergé, le pape François a semé le trouble en répondant dimanche à un journaliste qui lui demandait ce qu'il dirait à des parents constatant les orientations homosexuelles de leur enfant: "Quand cela se manifeste dès l'enfance, il y a beaucoup de choses à faire par la psychiatrie, pour voir comment sont les choses", a-t-il dit.

Des propos jugés "incompréhensibles et indéfendables" par la secrétaire d'Etat chargée de l'égalité femmes/hommes Marlène Schiappa. D'autant que le Vatican a retiré lundi la référence à la "psychiatrie" dans la déclaration faite la veille par le pape François.

"Ce genre d'attitude qui peut mener à des manifestations de discrimination"

Mais le mal est fait. Et les chrétiens homosexuels français se sentent blessés. Christophe a une quarantaine d'années, c'est un fervent pratiquant: tous les dimanches, il assiste à la messe. Il a donc été profondément affecté par les propos du pape: "Ce sont des propos profondément blessants, profondément choquants, c'est un message de rejet, d'intolérance, de stigmatisation pour les personnes homosexuelles et c'est ce genre d'attitude d'une autorité morale qui peut inciter à des manifestations de discrimination et de rejet".

Pour Anthony Favier, co-président de David et Jonathan, un mouvement homosexuel chrétien, cette parole freine les avancées de l'église sur la question de l'homosexualité: "C'est une certaine déception. Le papa François ne nous avait pas habitué à cela. Il avait envoyé des signaux beaucoup plus positifs en accueillant des personnes ouvertement homosexuelles au Vatican. Là c'est plus compliqué avec ce qui vient de se produire, quelque chose s'est peut-être rompu".

En 2013, le pape François avait fait preuve d'une ouverture inédite à l'égard des personnes homosexuelles avec sa fameuse formule "qui suis-je pour juger?", sans pour autant remettre en cause la doctrine de l'Eglise qualifiant l'homosexualité d'acte "désordonné".

Mahault Becker-Granier (avec P.B.)