Prostitution en France :"Accorder des droits, c'est aider à lutter contre l'exploitation et les viols"

Le parlement fédéral belge a adopté dans la nuit de jeudi à vendredi dernier une loi permettant aux travailleurs du sexe de bénéficier, s'ils le souhaitent, d’un contrat de travail. Une première mondiale, rapporte Le Monde. "Un grand pas en avant", s'est félicitée ce jeudi 9 mai sur RMC Anaïs De Lenclos, porte-parole du Strass (Syndicat du travail sexuel en France).
La mesure belge s'inscrit déjà dans la dépénalisation totale de la prostitution dans le pays qui avait été votée par le Parlement en mars 2022 et effective depuis le mois de juin de la même année.
"Cela leur permet d'avoir un statut au même titre que les autres travailleurs. En cas de soucis, ils peuvent agir en justice contre leur patron, ce qui n'est pas possible dans l'état actuel des choses", a expliqué Anaïs de Lenclos.
Plan de lutte gouvernemental récemment dévoilé
A contrario du modèle français puisque le gouvernement français à tendance abolitionniste a dévoilé jeudi dernier une stratégie nationale de lutte contre la prostitution qui renforce les dispositifs existants et intègre la question du numérique et des mineurs, rapporte l'AFP.
Les 25 mesures du plan gouvernemental visent notamment à mieux lutter contre la prostitution en ligne, celle en lieu privé mais aussi un renforcement des actions contre les "prétendus salons de massage". Un réseau national de lieux d’accueil doit également être mis en place afin d'améliorer la prise en charge des prostituées mineures.
Amende de 1.500 euros pour le client en France
Pour rappel, la loi de 2016 a notamment abrogé le délit de racolage et l'a remplacé par la pénalisation des clients, désormais passibles d'une amende de 1.500 euros -3.750 euros en cas de récidive.
"Ca ne fonctionne pas du tout. Depuis cette loi, on a constaté un nombre de travailleurs en augmentation et une augmentation de personnes exploitées", s'est alarmée Anaïs de Lenclos. "L'activité devient difficile, elles sont obligées de se mettre sous la coupe de personnes pour les protéger.
"La loi" en France "fait l'effet inverse de ce qu'elle était censée faire", a dénoncé la porte-parole du syndicat du travail sexuel
Selon la porte-parole du Strass, l'interdiction "ouvre une voie royale à toute l'exploitation et aux mafias". "Accorder des droits, c'est aider à lutter contre l'exploitation, la violence, les viols et les réseaux", a-t-elle affirmé. Celle-ci a également dénoncé une France "très rétrograde" sur le sujet. "Les politiques sont démagogues et peu pragmatiques. Ils ne voient pas l'efficacité des lois mais l'image de ce qu'elles vont donner".
Selon elle, "beaucoup de politiques sont d'accord" mais ne peuvent "pas s'avancer" car "leur carrière serait foutue", selon les propos qui lui sont rapportés.