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"J'en suis sortie traumatisée": une ex-prostituée témoigne pour lever le tabou sur les conséquences

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Aurore Bergé, ministre chargée de l'Égalité et de la lutte contre les discriminations, doit présenter ce jeudi 2 mai 2024 la stratégie nationale de lutte contre la prostitution. À cette occasion, RMC a recueilli le témoignage fort d’Alexine, une jeune femme tombée dans la prostitution lorsqu’elle était étudiante.

Le gouvernement va dévoiler ce jeudi 2 mai un nouveau plan de lutte contre la prostitution, huit ans après la loi qui supprime le délit de racolage et pénalise les clients. La ministre de l'Égalité entre les femmes et les hommes souhaite renforcer l'application de loi de 2016 sur ses volets répressif et social. Aurore Bergé doit axer son plan de lutte contre le système prostitutionnel sur le numérique et les mineurs.

"J'allais finir à la rue"

Alexine, 28 ans, est tombée dans la prostitution quand elle était étudiante pour payer son loyer.

"Mon bail se terminait et j'allais finir à la rue. J'avais 19 ans, je me suis tournée vers un site d'annonces et il y avait plein d'annonces de prostitution gérées par des proxénètes, et je devais être la seule à ne pas avoir de proxénète", raconte-t-elle.

Elle poursuit: "Je m'étais dit que c’était juste coucher avec quelqu'un et que c’était payé pour ça. Mais j'en suis sortie traumatisée et la première fois, je suis partie en pleurant".

Alexine avait été surexposée à la pornographie dès la préadolescence. Et elle avait été victime d'inceste dans l'enfance, ce qui a contribué à ce qu'elle banalise la prostitution comme quelque chose de "dégueulasse mais normal". Ça a duré deux ans.

Dépression, infections, maladies chroniques...

Une IVG, une maladie sexuellement transmissible et le mouvement MeToo ont agi comme des électrochocs sur la jeune femme: "Quand on se débarrasse de tout ça, on voit à quel point on a été exploité, maltraité. On n'est pas dans un film, ça n'arrive pas à quelqu'un d'autre". Alexine témoigne pour lever le tabou sur la prostitution et ses conséquences.

"C’est, en grande partie, mon sommeil qui a été impacté, la dépression longue durée, se battre contre des infections, des maladies chroniques inflammatoires, comme ma thyroïde et le papillomavirus. Franchement, ça ne vaut pas la peine".

La jeune femme a réalisé, avec six autres survivantes de la prostitution, un podcast dans lequel elle raconte son histoire: "La vie en rouge”. Aujourd'hui, elle espère que le gouvernement va augmenter l'aide financière à la sortie de la prostitution de 343 euros par mois.

"Ça ne permet pas de s'émanciper et de sortir de la prostitution. Mais après, c'est un parcours de combattante".

Seules 1.200 personnes ont bénéficié l'an dernier d'un parcours de sortie de la prostitution.

Marion Dubreuil (avec C.A)