"Restons modestes": les vitraux contemporains pour Notre-Dame de Paris provoquent un tollé

Présent sur tous les fronts, le président de la République se rêve désormais en architecte d'intérieur. À l'occasion de sa visite du chantier de Notre-Dame de Paris le 8 décembre, Emmanuel Macron a annoncé la création de vitraux contemporains pour que la cathédrale porte la marque du 21e siècle. Pourtant, les vitraux historiques de l'architecte Viollet-le-Duc, qui s'y trouvent aujourd'hui, sont intacts malgré l'incendie. Mais le chef de l'Etat veut les reléguer à la postérité en les entreposant dans un musée.
Une décision qui fédère déjà contre elle. Une pétition contre le choix d'Emmanuel Macron a déjà recueilli 56.000 signatures en trois jours seulement. "Pas touche à ces vitraux", martèle ce mercredi sur le plateau des Grandes Gueules, Didier Rykner, directeur de la rédaction de La tribune de l'art, à l'origine de la pétition, et qui déplore une décision unilatérale, "sans aucun égard pour le code du patrimoine ni pour la cathédrale Notre-Dame de Paris".
Et si le président veut marquer Notre-Dame de Paris de son empreinte en installant des vitraux contemporains, il y a une solution, avance Didier Rykner: "On pourrait installer des vitraux contemporains dans la tour Nord, où Il y a pour l’instant des verres blancs, sans vitraux".
"C’est fréquenté par le public. Cela serait visible et cela n’abîmerait pas l’œuvre de Viollet-le-Duc. Ne détruisons pas son travail alors qu’on a choisi de restaurer la cathédrale à l’identique", rappelle-t-il sur RMC et RMC Story.
"L’Église n’a pas très bon goût en matière patrimoniale"
Car pour Didier Rykner, le président de la République Emmanuel Macron a déjà marqué Notre-Dame de Paris de son empreinte. Une empreinte dont la cathédrale se serait bien passée d'ailleurs: "Le 21e siècle a marqué Notre-Dame par l’incendie. Emmanuel Macron n’est pas responsable mais l’Etat français, dont le président et ses prédécesseurs, n’ont pas donné les moyens nécessaires pour protéger la cathédrale contre le feu. Restons un petit peu modestes", appelle-t-il.
Avant Emmanuel Macron, l’Eglise avait déjà, dans les années 2010, envisagé de remplacer les vitraux, une demande rejetée par le ministère de la Culture. Un mal pour un bien estime Didier Ryckner: "L’Eglise n’a pas très bon goût en matière patrimoniale", tacle-t-il.
Alors, comment trancher? En suivant les règles, défend Didier Ryckner: "Cela devrait passer devant la Commission nationale du patrimoine de l’architecture", rappelle-t-il. "Et son président a d’ores et déjà rappelé que cela n’est jamais arrivé de remplacer des vitraux classés monument historique par des vitraux contemporains", conclut Didier Ryckner.