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Saint-Valentin: à quoi vont ressembler les bijoux du futur?

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Les bijoux sont désormais fabriqués avec des diamants qui poussent presque comme n'importe quel légume. Fabriqués en laboratoire, ils ont de nombreux avantages. Mais ils restent onéreux.

Désormais, on ne fait plus sortir les diamants d'une mine, on les fait pousser comme des betteraves ! C’est ce qu’on appelle des diamants de synthèse -ou diamants de culture-, c’est une tendance depuis quelques années dans le domaine de la joaillerie. Une quinzaine de laboratoires dans le monde, se sont spécialisés dans ce domaine comme le joaillier français Odace.

Et il est presque impossible de faire la différence. Puisqu’il n’y en a pas. Que ce soit d’un point de vue visuel, physique ou même chimique, ce sont bel et bien des diamants, exactement comme ceux qu’on trouve depuis des siècles chez les bijoutiers. Mais on n’a pas eu besoin de les extraire.

Comment est-ce possible techniquement ? Les diamants qu’on trouve dans les mines, ils se sont formés à 150 km sous terre à partir de carbone qui a été soumis à des températures et à des pressions extrêmement élevées. En fait, on est aujourd’hui capable de reproduire ces conditions-là en laboratoire. On part d'un vrai diamant pur, qui va servir de "graine". On le met dans un réacteur à 1400 degrés et à très haute pression (58 000 atm).

Et à ce moment-là, une réaction de cristallisation se produit. Il faut 4 à 6 semaines pour générer un carat de diamant en laboratoire (0,2 grammes). Ne reste plus ensuite qu’à le tailler et le polir, comme tout diamant brut. Pour parfaire le tout, cette startup utilise de l’or 18 carats recyclé qui provient notamment d’anciens composants électroniques.

Les avantages sont multiples. L’idée, c’est d’avoir des diamants éthiques, pas besoin d’extraction dans des mines, le coût environnemental est bien moindre (même s’il n’est pas nul non plus, car c’est très énergivore de chauffer pour produire du diamant). Plus de risques non plus de ce qu’on appelle les "blood diamonds", ces diamants qui viennent de zones de guerre africaines et qui servent à alimenter des bandes armées. Et ces diamants éthiques plaisent beaucoup à une nouvelle clientèle, notamment les jeunes.

Combien ça coûte?

En fait, si on ne vous le dit pas, il y a très peu de chances pour que vous vous rendiez compte de la différence avec un diamant "classique". Même un gemmologue avec une loupe ou un microscope ne pourra pas faire la différence. Seul moyen, la spectrométrie ou le test par résonnance laser, qui se fait en laboratoire, et où on va aller au plus profond de la matière.

Si on vous offre des diamants de synthèse, sachez que ce n’est pas un cadeau au rabais. Ça coûte 30 à 50% moins cher (le diamant brut) mais le processus est tellement complexe que le prix est quand même relativement élevé. Processus très énergivore aussi… Comptez entre 900 et plus de 3.000 euros pour une bague par exemple.

Certaines startups proposent même de transformer ses défunts en diamants. Car le corps humain est composé à 20% de carbone. C’est interdit en France pour l'instant.

D'autres utilités

Quand on pense diamant, on pense forcément bijoux, surtout un 14 février, mais il y a beaucoup d’autres utilisations ailleurs qu’en joaillerie où il va être très intéressant de pouvoir produire des pierres à moindre coût.

Car les propriétés de dureté (le diamant est le matériau le plus dur du monde, qui ne peut pas se rayer –à part avec un autre diamant-, résiste à n’importe quel acide) et leur résistance à haute température en font un matériau extrêmement prisé.

Dans l’industrie par exemple, pour les outils de forage ou de découpe, des systèmes de refroidissement, dans l’électronique et l’informatique pour les futures générations de processeurs, les futurs ordinateurs quantiques qui vont révolutionner le monde technologique dans les années et les décennies qui viennent.

Les diamants sont également prisés pour le stockage de données: on pourrait s’en servir pour remplacer les disques durs et les serveurs et conserver nos vidéos, nos photos, nos souvenirs numériques éternellement, dans une pierre précieuse ! Il suffit d’un minuscule diamant pour stocker des gigaoctets de données. Éternellement.  

Anthony Morel