Samu social de Paris: "En octobre, on a refusé en moyenne près de 500 personnes chaque jour"

Même si le temps est encore clément, l'hiver approche et le nombre de sites pour accueillir les SDF est loin d'être suffisant - JOEL SAGET / AFP
"Régulièrement, à chaque début d'hiver, on est obligé de pousser un cri d'alarme. Mais aujourd'hui il prend encore plus d'intensité. Et ce pour plusieurs raisons. Tout d'abord, les chiffres des personnes que l'on ne peut pas héberger sont beaucoup plus importants cette année que l'an passé. On s'aperçoit aussi qu'il y a des gens qui sont coincés dans cette nasse de l'hébergement alors que pour 25% d'entre eux, qui sont des travailleurs pauvres, ils devraient être dans un logement.
C'est un cri d'alarme qui s'adresse aussi aux bailleurs sociaux en leur disant qu'il faut absolument qu'ils nous aident à sortir les gens. Le problème de cet hébergement est le suivant: oui le gouvernement créé de plus en plus de places mais on a l'impression que l'on ne sort pas de la nasse. Cela paraît donc indispensable que les gens puissent, dès qu'ils le peuvent, quitter ces structures d'hébergement.
"Il n'y a plus de places dans les hôtels"
Cet hiver risque d'être plus compliqué notamment parce que le dispositif d'hôtels, qui ne nous satisfait pas mais qui est une réponse de mise à l'abri, est totalement saturé en Ile-de-France. En octobre, on a refusé en moyenne près de 500 personnes chaque jour contre moitié moins à la même époque l'an dernier. Le dispositif est bel et bien saturé. Il n'y a plus de places dans les hôtels et, autre problème, les gens n'en sortent pas.
Evidemment, il y a une certaine porosité entre les arrivées massives de migrants, même si des dispositifs particuliers se mettent en place. Malgré tout, plus de places sont mobilisées que d'habitude. Enfin, la pauvreté s'est accrue et donc plus de gens nous appellent. Le problème est constaté par le Samu social de Paris mais on sait bien que c'est au niveau de l'Ile-de-France qu'il doit être réglé. De même, c'est au niveau national que doit être réglé le problème des migrants qui arrivent.
"C'est aussi une question de logement à la sortie"
J'en appelle donc à la solidarité des municipalités, des régions, des départements parce que c'est à cette échelle-là que ça se situe aujourd'hui et pas seulement à l'échelle des grandes mégalopoles. On l'a vu avec Calais: un mouvement extrêmement positif s'est mis en place. On voit qu'avec une volonté politique forte on peut avancer sur des sujets qui semblent complètement bloqués. On voit donc que c'est possible et on se dit que l'ensemble des sans-abris pourraient bénéficier du même élan. Donc continuons sur cet élan!
Difficile de dire combien de places il nous manque à Paris car beaucoup de gens ont renoncé à nous appeler. Mais ce dont on est sûr c'est que ce n'est pas qu'une question de places. C'est aussi une question de logement à la sortie. Il faut que les gens puissent sortir de ce dispositif sinon ça ne peut pas fonctionner. On ne fera qu'entasser les gens. Le préfet de région a annoncé 2.500 places supplémentaires pour l'hiver mais, à l'échelle de Paris, il nous en faudrait 4.000".