Autiste, il crée son entreprise de plantes carnivores: "je veux être porteur d'espoir"

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"Porteurs d'espoir". C'est ainsi que se définissent Anne et Alan. Un duo mère-fils qui a lancé il y a un an une entreprise de vente de plantes carnivores. Car Alan est autiste Asperger, "la forme la plus légère d'autisme, sans retard de langage", précise le jeune homme de 22 ans à RMC.fr.
Dès l'âge de 8 ans, Alan est passionné par les plantes carnivores. "La première plante que j'ai eue c'est celle qui se referme sur les insectes en une seconde. Ça m'avait beaucoup impressionné", se souvient-il. Et le petit garçon commence alors une collection qui ne s'arrêtera pas. Durant ses années de primaire et de collège, le jeune garçon est pris en charge médicalement à Rennes, en Ille-et-Vilaine mais vit dans les Côtes-d'Armor. Et sur le trajet, l'arrêt hebdomadaire au Jardiland est quasi-systématique: "tous les vendredis, je ramenais une plante". "Ou deux, trois même!", précise sa mère.
Après le collège, Alan choisit donc naturellement le lycée horticole de Saint-Ilan où il entre en septembre 2011. Mais il se retrouve dépassé par les matières générales qui lui demandent trop d'efforts. "Alan était excellent en matières scientifiques mais le français et l'histoire-géo c'était vraiment galère pour lui. On espérait qu'il y ait moins de matières générales dans une formation professionnelle. Et Alan en avait déjà tellement bavé avant pour se maintenir à niveau dans ces matières qu'il a décroché", explique Anne, sa mère.
Alan fait donc un burnout en octobre 2012 suivi d'une grosse dépression. C'est finalement deux ans plus tard que le "déclic" s'opère. Une ancienne professeur du lycée horticole le recontacte. Alan lui offre tout naturellement… une plante carnivore. "Elle m'a alors proposé de venir en vendre au lycée", raconte le jeune homme. L'idée est lancée.
"Ma mère est mon partenaire"
Avec sa mère, Alan décide de lancer une campagne de financement participatif: fin 2014, ils arrivent à récolter plus de 12.000 euros. L'entreprise "Fleurs et ânes d'Armor" a officiellement vu le jour il y a un an en mars 2016. Alan s'occupe des plantes, Anne gère l'administratif. "Ma mère est mon partenaire", se réjouit le jeune homme.
Alan espère que son parcours donnera de l'espoir à d'autres autistes ou d'autres familles. "On a souvent l'image de l'autiste qui se mutile, qui se mange les poings, qui est renfermé sur lui-même. Là, je pense que mon parcours intéresse. On est porteurs d'espoir. Je pense à des familles qui ont des enfants autistes, ça peut leur montrer la voie".
D'ailleurs Alan ne veut pas qu'on le qualifie "d'atteint d'autisme", c'est "négatif", juge-t-il. "L'autisme fait partie de moi mais ce n'est pas ce qui me caractérise", explique-t-il encore. D'ailleurs il ne veut pas s'attarder sur les propos qui assimilent parfois autisme et bêtise. Les propos tenus par François Fillon? "On ne s'arrête pas à ce qui peut être véhiculé par les paroles de certains. On est dans une démarche positive", conclut sa mère.
L'entreprise d'Alan participe au concours Aviva, si vous voulez le soutenir, c'est par ici.