Botulisme dans le Maine-et-Loire: "C'est plus toxique que le cyanure"

Six cas de botulisme ont été détectés dans la région de Cholet, dans le Maine-et-Loire. Les malades sont hospitalisées depuis plusieurs jours, selon l'ARS, qui n'a pas souhaité communiquer sur l'état de santé des victimes. Le botulisme est une "toxi-infection alimentaire", qui est "probablement la substance la plus dangereuse qu'on connaît sur la planète", selon le professeur Bruno Mégarbane, invité d'Apolline Matin, ce jeudi.
Le botulisme est causée par une toxine "extrêmement dangereuse" produite par une bactérie. Elle est "un million de fois plus toxique que le cyanure", précise Bruno Mégarbane, qui est chef du service de la réanimation médicale et toxicologique à l'hôpital Lariboisière à Paris.
Des risques avec les conserves fait-maison
"Cette toxine va s'attaquer au système nerveux périphérique et entraîner des paralysies", décrit le professeur. Le botulisme est provoqué "essentiellement" via "les conserves qu'on prépare". Les six victimes de Cholet ont développé la maladie après avoir ingéré "un gâteau réalisé à partir de carottes mises en bocal, de manière artisanale, par l'un des couples", selon l'Agence régionale de santé.
Il est très rare que ce genre de cas arrive avec des conserves industriels, mais c'est surtout un risque lorsque des consommateurs réalisent leurs propres conserves à la maison.
"Généralement c'est parce qu'il y a eu un petit problème technique ou un problème d'hygiène au moment de la préparation de la conserve", explique Bruno Mégarbane.
Par exemple, c'est le cas lorsque les aliments sont mal nettoyés. La bactérie n'a pas été retirée et peut alors se développer à l'abri de l'oxygène et produire la toxine.
C'est pour cela que Stéphanie Chevalier Lopez distille, sur RMC, ses conseils pour limiter les risques chez soi: "Il faut partir avec des matières premières de première fraîcheur. Il faut décontaminer ses fruits et légumes, bien cuire ses produits avant de les mettre dans les bocaux."
La présence de gaz doit alerter
Experte en sécurité alimentaire et élue meilleur ouvrier de France, elle avise de "laisser les bocaux à température ambiante deux mois avant d'y toucher". Au moment de l'ouverture, "s'il y a un pschit", c'est qu'il y a du gaz à l'intérieur du bocal, synonyme de développement de germes à l'intérieur. Stéphanie Chevalier Lopez est alors catégorique: "Il faut prendre le bocal et le détruire à ce moment-là."
Il peut également "y avoir une odeur de putréfaction", ajoute le professeur Bruno Mégarbane.
Si les consommateurs cuisent les produits mis en bocaux contaminés, "il faut un temps d'ébullition extrêmement long" pour pouvoir détruire la toxine. Les consommateurs qui voudraient tenter le coup, c'est extrêmement déconseillé, puisque la toxine est très difficile à tuer. Dans le cas des six malades pris en charge dans le Maine-et-Loire, les carottes n'ont "pas été cuites de façon suffisante", estime le spécialiste.
"Mort pas épuisement"
D'après le chef du service de la réanimation médicale et toxicologique à l’hôpital Lariboisière à Paris, une fois avalée, la toxine dangereuse "arrive dans le tube digestif et va aller vers les nerfs qui innervent les muscles périphériques et entraîner des paralysies généralisées." Les muscles respiratoires peuvent être atteints et provoquer "une mort par épuisement".
Les premiers symptômes sont "relativement rapides, quelques heures à 2-3 jours", précise Bruno Mégarbane. "Ça commence avec une gastro-entérite classique, avec des maux de ventre et de la diarrhée, mais rapidement arrivent des signes atypiques." Parmi ces derniers, on retrouve "le fait de voir double, un flou visuel, des difficultés à fixer un objet", puis rapidement "des difficultés à avaler et une sécheresse de la bouche". Ces symptômes sont le signe que la maladie progresse dangereusement. Il est alors impératif d'aller aux urgences car cette bactérie peut s'avérer "mortell