"Bouillie immangeable", aliments "non-identifiables": les repas servis dans les Ehpad dans le viseur

Après le scandale Orpea, les Ehpad sont de nouveaux pointés du doigt. Cette fois, c'est l'association 60 Millions de consommateurs qui déplore la qualité des repas distribués aux résidents des maisons de retraite. Ceux-ci évoquent "une bouillie immangeable", "des aliments non-identifiables", "peu appétissants" et "sans aucun goût".
Conséquence de ces repas de basse qualité, les résidents très âgés mangent moins que nécessaire. Seulement un sur quatre termine son assiette à chaque repas, alors qu'un sur deux la finit "parfois", et un sur cinq ne le fait jamais, assure 60 Millions de consommateurs dans une enquête publiée le 26 octobre dernier.
5,27 euros pour quatre repas
Avec des conséquences sur leur santé déjà fragile: "Contrairement aux idées reçues, le vieillissement augmente les besoins énergétiques, à cause d’un moins bon rendement métabolique", explique la diététicienne Annick Ruffat à 60 Millions de consommateurs.
Certaines directions d'Ehpad essaient ainsi de rogner sur les coûts, souligne dans Les Grandes Gueules Jean-Claude, chef gérant pour une société de restauration collective dans un Ehpad de 70 personnes qui accueille des personnes âgées handicapées. "Le budget qui nous est alloué par les gérants de l'Ehpad est ridicule. J'ai 5,27 euros pour les quatre repas: le petit-déjeuner, le déjeuner, le goûter et le dîner", assure-t-il. Et ce n'est pas un cas exceptionnel, poursuit ce quinquagénaire sur RMC et RMC Story.
Viandes, soupes et légumes mixés pour aller plus vite
Souvent, les plats servis sont des plats "mixés": viande, soupe, légumes sont servis ensemble sous forme de soupe car il est plus rapide pour les équipes, souvent en sous-effectif, de nourrir les résidents à la cuillère plutôt qu'en prenant le temps de leur couper la viande et attendre qu'ils mâchent.
L'association 60 Millions de consommateurs pointe également l'écart trop important entre les repas. Avec un dîner donné en moyenne entre 18h et 18h30 et un petit-déjeuner servi au plus tôt à 7h et au plus tard à 10h30, les douze heures de jeûne maximum recommandées par les gériatres sont dépassées. Cet écart "avoisine souvent les 14 heures", alerte le professeur Éric Fontaine, médecin-nutritionniste au CHU de Grenoble et président du collectif de lutte contre la dénutrition.