"Ça me brûlait": attention aux allergies aux montures de lunettes

Savez-vous vraiment comment sont fabriquées vos lunettes? Avec quels matériaux, quels produits chimiques? Non... Antony non plus. Myope, il portait une monture courante en plastique, achetée un an et demi plus tôt. Et comme il l'explique à "RMC s'engage pour vous", l’hiver dernier, des plaques rouges sont apparues sur son visage.
"C'était comme de l'eczéma. Ça me démangeait, ça me brûlait", explique-t-il. Direction l’opticien qui a vendu les lunettes. Le professionnel a déjà vu ça et il est formel: Antony fait une allergie à sa monture.
"Maintenant, j'ai encore des traces, avec des sortes de cicatrices comme si j'avais la peau qui était brûlée en fait. Je me sens un peu défiguré, bien évidemment. Il y a le regard des gens... Ça tape un peu sur le système", explique-t-il.
"Personne ne sait vraiment ce qu'il y a dans les paires de lunettes"
L’opticien a offert à Antony de lui changer gratuitement sa paire de lunettes. Et ces allergies aux lunettes sont beaucoup plus courantes qu’on ne l’imagine. 10% des porteurs de lunettes sont allergiques au nickel et à ses dérivés, selon l'INRS. Et la plupart des montures en contiennent.
On a voulu savoir s’il y en avait dans les lunettes d’Antony. On a demandé à plusieurs laboratoires. Un seul était en capacité d’analyser les composés, mais pour plus de 5.000€ ! On a donc renoncé...
Mais on s’est tout de même procuré une analyse réalisée par le fabricant, à la demande de l’opticien. Surprise: aucune trace de nickel. La monture de notre auditeur est composée d’acétate de cellulose, du plastique donc. Et de phtalate de diéthyle, un produit chimique reconnu comme perturbateur endocrinien mais pas comme allergène. L’analyse a aussi révélée des traces de cuivre, et ça, c’est bien un allergène.
Comment éviter les allergies aux lunettes?
Quand on achète des lunettes, on regarde souvent le prix, le désign, le confort, mais il faudrait idéalement aussi regarder la composition. Et ce n’est pas si simple que ça.
Les opticiens que nous avons contactés expliquent n’avoir aucun moyen de contrôle sur les fabricants, leur relation commerciale repose sur la confiance. De son côté, le syndicat des fabricants assure se soumettre à la réglementation européenne. Mais pour Antony, c’est insuffisant. S’il a contacté les équipes de "RMC s'engage pour vous", c’est pour demander que les consommateurs soient mieux informés.
"On ne devrait pas avoir de problèmes de santé (pour ça). C'est un business qui profite à beaucoup de monde et qui coûte cher. Il y a un risque qu'on prend, il n'y a écrit nulle part chez un opticien qu'il y a des risques d'allergie. Personne ne sait vraiment ce qu'il y a dans les paires de lunettes", regrette-t-il.
Nous avons interrogé l'ANSM (l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé). Un seul cas d’allergie lui a été remonté ces cinq dernières années. L’agence nous confirme que les lunettes sont un dispositif médical mais qu’il n’existe pas de contrôle de la fabrication pour obtenir le fameux marquage CE. Chaque fournisseur est responsable de ce qu’il commercialise, c'est à lui de s’auto-tester et de respecter la réglementation européenne.
Alors un conseil, si vous devez acheter des lunettes, privilégiez les matériaux les moins allergènes: le bois, l’écorce, l’acier chirurgical, le magnésium ou encore le titane.