"Ce ne sera jamais un retour à la normale": comment ce village du Grand Est se prépare au déconfinement

Le Grand-Est, région particulièrement touchée par le coronavirus, est toujours en rouge sur la carte de France qui servira de base pour organiser le déconfinement dans chaque département. Près de 3000 personnes ont succombé au Covid-19 dans la région depuis le début de la pandémie.
À Wihr-au-Val dans le Haut-Rhin, village durement éprouvé par l’épidémie, les habitants se préparent à reprendre petit à petit leur vie, mais restent marqués par ce qu’ils viennent de traverser.
Dix jours à l’hôpital, six kilos en moins. Claude, 56 ans, se remet à peine de la maladie. “Mes capacités pulmonaires, ce n’est pas encore ça, mais au niveau de la fatigue, ça va mieux”, explique-t-il.
Moralement, c’est plus dur; il a perdu plusieurs amis et son père. Lundi prochain, Claude doit reprendre le travail. Il n’arrive pas encore à y penser.
“Ce ne sera jamais plus un retour à la normale. On a quand même été meurtri de façon très rapide. Et puis on a aussi l’impression que c’est une injustice. Quand vous avez une personne qui est en bonne santé et que quinze jours après on vous dit qu’il ne s’en sortira plus, là, c’est dur”, confie-t-il.
Inquiétude autour du déconfinement
Sur 1300 habitants, neuf personnes sont décédées, et plus de 250 ont été contaminées selon le docteur Franck-Philippe Graff. “On était parmi les villages les plus atteints de toute la région”, affirme-t-il. Ici, le déconfinement est attendu, mais aussi redouté.
“On est quand même protégé, on a l’impression d’avoir une petite cloche autour de soi qui nous met un peu quelque part à l’abri. Le fait de sortir, de lever la cloche, de façon brutale, il y en a quand même quelques-uns qui vont se dire 'ça va nous tomber dessus'”, explique-t-il.
Désormais, le virus circule peu dans le Haut-Rhin. Moins de 6 % des passages aux urgences sont des suspicions de Covid.