RMC

Coronavirus: en Argentine, un confinement sans fin

Comment est gérée la crise sanitaire du Covid-19 dans le reste du monde ? Chaque matin cette semaine sur RMC gros plan sur des mesures prises à l'étranger pour lutter contre le Covid-19.

L'Argentine, le pays d'Amérique du sud est celui qui a mis en place le confinement le plus long du monde. Il y a différents stades de contraintes évidemment, mais les Argentins sont appelés à rester chez eux depuis depuis le 20 mars.

Et le gouvernement a annoncé vendredi dernier que ce confinement sera encore en place au moins jusqu'au 11 octobre prochain. L'Argentine, pays de 44 millions d'habitants, compte 13.053 morts, et enregistre plus de 10.000 nouveaux cas par jour depuis le mois de septembre. Près de 60% des unités de soins intensifs sont occupées, et même 66,8% dans la capitale Buenos Aires... Le pays traverse le pire moment de l'épidémie, alors que les habitants ne semblent plus capables de respecter les règles.

"Aucune lueur au bout du tunnel, aucune date de fin. Ce n'est plus tenable, l'incertitude est vraiment insupportable"

Les habitants commencent à trouver sérieusement le temps long. Ecoles fermées, interdiction de sortir un jour sur deux, pas de réunions familiales... Depuis six mois, Sandrine, Française qui vit en argentine, dans la région de Mendoza, a vu son quotidien transformé. Des restrictions prévues jusqu'au 11 octobre, mais la Française est persuadée qu'elles seront à nouveau prolongées.

"C'est ça aussi qui révolte les gens. C'est que ça fait six mois qu'on nous demande de rester à la maison et qu'il n'y a aucune lueur au bout du tunnel, aucune date de fin. Ce n'est plus tenable, l'incertitude est vraiment insupportable."

"On ne peut pas vivre sous cloche et sans contact pendant six mois"

Une situation difficile à supporter pour tous les Argentins, difficile de toujours respecter les règles.

"Ca nous pousse à être hors la loi ! On évite les contrôles, on fait ce qu'on a jamais pensé faire. Il y a quelques sorties par moments, on voit quand même un peu notre famille, et notre fils voit certaines fois des petits copains car ce n'est plus possible. On ne peut pas vivre sous cloche et sans contact pendant six mois". 

Parfois, ne pas respecter les règles aussi uniquement pour aller travailler. Le travail au noir concerne près d'un Argentin sur deux. Beaucoup n'ont donc pas accès à une protection sociale. Christophe Ventura est chercheur à l'Iris et spécialiste de l'Amérique latine.

"Même dans ces conditions beaucoup de gens préfèrent aller travailler car ils considèrent que le danger pour eux entre la dimension sanitaire de contracter le virus et le danger de mourir économiquement est plus fort du côté économique. Les gens préfèrent braver la maladie pour essayer de continuer à avoir des revenus."

"Les chiffres sont inquiétants et il faut agir maintenant"

Malgré des règles encore strictes, l'épidémie n'a jamais atteint un niveau aussi important dans le pays. En ce moment plus de 10.000 nouveaux cas par jour en moyenne.

L'infectiologue, Javier Farina, membre du comité sanitaire consultatif du gouvernement, est favorable à un confinement plus sévère.

"Il ne faut pas que ça dure trop longtemps car le peuple ne tiendra pas, mais je pense que oui, en Argentine et encore plus dans les régions où l'épidémie continue d'avancer, il faut que les mesures soient plus restrictives pour freiner son développement. Le vrai enjeu est d'éviter que le système de santé soit saturé sinon ce sera très compliqué. Les chiffres sont inquiétants et il faut agir maintenant."

Samedi dernier, plusieurs certaines de personnes ont défilé à Buenos Aires pour s'opposer aux mesures sanitaires prises par la président.

Mahauld Becker-Granier (avec J.A.)