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Coronavirus: "J'en veux au gouvernement", le coup de gueule d'un médecin

Invité de RMC Mobilisation Générale, Jean-Paul Mira, chef de service médecine intensive et de réanimation à l'hôpital parisien Cochin, déplore l'inaction en amont du "gouvernement" face au personnel hospitalier qui dénonce un manque de moyens.

La crise sanitaire s'aggrave, la France s'est rapprochée vendredi des 2.000 décès en milieu hospitalier et le personnel soignant est de plus en plus débordé. Pour Jean-Paul Mira, chef de service médecine intensive et de réanimation à l'hôpital parisien Cochin, l'exécutif n'a pas été à la hauteur en amont de la pandémie.

"Oui, j'en veux au gouvernement. Parce qu'il découvre une situation dans les hôpitaux qu'on a criée, hurlée, pas murmurée il y a deux ou trois mois", s'insurge-t-il vendredi soir au micro de RMC Mobilisation Générale.

"On a demandé des moyens pour les hôpitaux, pour travailler, poursuit-il. On n'a pas demandé des salaires de folie, mais des moyens pour travailler simplement, pour qu'il y ait une infirmière par service, des moyens, des lits. On ne fait pas une infirmière ou un kiné du jour au lendemain".

"Ce n'est pas une guerre, c'est une crise sanitaire"

"Quand on a une crise en Chine puis en Italie et que vous avez besoin d'un matériel qui s'appelle un respirateur, les Chinois et les Italiens les ont tous achetés. Il faut être d'une naïveté ou d'une prétention pour penser que les Chinois sont malades parce qu'ils mangent du singe ou font n'importe quoi, que les Italiens sont malades parce qu'ils sont Italiens. Non, ça arrive partout", continue Jean-Paul Mira.

Le médecin déplore ainsi la communication d'Emmanuel Macron, qui a répété que la France était "en guerre" face à ce virus: "Ce n'est pas une guerre, c'est une crise sanitaire. Dire que c'est une guerre, c'est un problème. Quand vous dites que c'est une guerre, les gens vont bouffer les stocks de pâtes et de papier toilette. Ce n'est pas une guerre, c'est une crise sanitaire".

Jean-Paul Mira espère ainsi que la reconnaissance de la nation pour les personnels soignants ira au-delà de la mobilisation citoyenne: "Ils méritent les applaudissements qu'il y a tous les soirs, les cloches à 19h30. Mais ils méritent surtout de l'argent. Parce que quand ils vont voir leur banquier avec les applaudissement et les sons de cloches, on ne leur donne pas leur prêt".

Julien Absalon