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Coronavirus: un député LREM "fondamentalement opposé" à l'application StopCovid

Guillaume Chiche, député LREM des Deux-Sèvres, affirme mercredi soir sur RMC être "fondamentalement opposé" au déploiement d'une application gouvernementale sur smartphone permettant d'identifier les personnes ayant été en contact avec une personne infectée par le coronavirus. S'il n'obtient pas gain de cause, l'élu se dit prêt à quitter le parti de la majorité présidentielle.

Le développement de "StopCovid" crée d'ores et déjà des dissensions au sein de La République en Marche. Le gouvernement a révélé mercredi qu'il travaillait sur le déploiement d'une application sur smartphone, utilisable sur la base du volontariat pour identifier les personnes ayant été contact avec une personne infectée par le coronavirus. Cette idée suscite une levée de boucliers des défenseurs des libertés individuelles et numériques. Parmi eux, Guillaume Chiche, député LREM des Deux-Sèvres, clame sur RMC être "fondamentalement opposé à cette mesure".

"Organiser le ciblage des personnes atteintes par le coronavirus, pour en faire le signalement à l'entourage social, c'est ouvrir la voie à une forme de ségrégation et à l'exclusion des personnes contaminées", s'alarme l'élu.

Les possibilités qui permettraient la mise en ligne de cette application l'inquiètent: "La première étape, ça va être de prévenir les personnes avec qui vous avez été en contact. Quelle sera la seconde? On entrera dans une stratégie d'évitement? Ensuite, la troisième étape est d'interdire d'entrer en contact mais aussi interdire des lieux comme le marché, le supermarché, la pharmacie?"

"Un coup de cutter dans nos libertés individuelles"

Son scepticisme s'étend aussi à la notion de volontariat, soutenue par l'exécutif, pour l'utilisation de l'application: "Quand on est en période de guerre, de crise sanitaire, dans une situation de peur (...) et que vous avez une autorité publique qui vous dit qu'il faut moralement installer cette application, il n'est plus question de volontariat. Au mieux c'est une consigne, au pire c'est du chantage. Par ailleurs, je ne veux pas qu'on laisse penser qu'il n'y aurait pas l'existence d'une pression sociale avec l'existence d'une telle application".

"Si on commence à mettre le doigt là-dedans, on vient mettre un coup de cutter dans nos libertés individuelles parce qu'on les rend malléables en fonction de l'état de santé de chacun. (...) Cela contrevient à nos principes rudimentaires de liberté et de droit", ajoute le député, dans l'attente d'un débat parlementaire dont il craint qu'il "n'ait jamais lieu".

La menace de quitter le parti

"S'il y avait un débat à l'Assemblée nationale sur ce sujet, j'irai bien entendu pour m'y opposer et en expliquer les raisons. Une de mes craintes, dans la manière dont c'est en train de se mettre en place, c'est qu'il n'est toujours pas question de travaux parlementaires. Le cadre légal existant suffit au déploiement d'une telle application", déplore Guillaume Chiche, prêt à claquer la porte de la majorité présidentielle.

"Je ne peux pas appartenir à une formation politique qui défend le tracking et vient mettre des encoches dans nos libertés fondamentales", prévient-il, alors que Stanislas Guérini, patron de LREM, s'est déclaré favorable à l'initiative du gouvernement.

Julien Absalon