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Coronavirus: vers un déconfinement progressif et "régionalisé" contre une deuxième vague épidémique

Pour la première fois, Edouard Philippe, le Premier ministre, a publiquement abordé la question sensible du déconfinement. Et il ne se fera probablement pas "en une fois, partout et pour tout le monde".

L'épidémie de coronavirus a tué en France plus de 500 nouvelles personnes en 24 heures, soit 4032 en un mois. Le nombre de patients en réanimation a dépassé mercredi soir les 6000 malades, soit plus que la capacité initiale de lits de réanimation du pays. Ce chiffre ne prend pas en compte les bilans dans les maisons de retraite, qui sont en cours de compilation et que les autorités espèrent pouvoir donner au niveau national à partir de ce jeudi, a indiqué le Pr Jérôme Salomon, directeur général de la Santé.

Dans la région Grand Est, 570 décès en Ehpad ont été enregistrés, soit plus du tiers du bilan global dans la région (1.585 décès), selon un bilan mercredi de l'ARS.

Pour la première fois, Edouard Philippe, le Premier ministre, a publiquement abordé la question sensible du déconfinement. Celui-ci ne se fera pas du jour au lendemain, ni pour tout le monde en même temps. Le Premier ministre Edouard Philippe est catégorique.

“Le déconfinement va dépendre d’éléments dont nous ne disposons pas aujourd’hui entièrement. Il est donc probable que nous ne nous acheminons pas vers un déconfinement qui serait général et absolu, en une fois, partout et pour tout le monde”, a expliqué le Premier ministre interrogé par la mission d’information ouverte depuis cette semaine à l’Assemblée nationale.

Le risque d'une deuxième vague épidémique

Plusieurs hypothèses à l'étude. Un déconfinement selon les régions, selon les classes d'âge ou en fonction de la capacité à tester la population. "Parce que faire sortir tout le monde, en même temps n'aurait aucun sens", selon Karine Lacombe, la cheffe du service des maladies infectieuses de l'hôpital Saint-Antoine à Paris.

“Si on fait un déconfinement généralisé, les personnes qui n’ont jamais été infectées risquent de s’infecter au contact de personnes en cours d’infection et donc on aurait une nouvelle vague d’infection. Donc il faut faire la différence entre ceux qui sont immunisés, donc protégés, et ceux qui ne le sont pas”, détaille-t-elle.

Alors que les congés scolaires de la Zone C (Ile-de-France et Occitanie) commencent vendredi soir, les élèves concernés et leurs parents, confinés depuis 16 jours, ne pourront pas partir en vacances, a rappelé le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner. "Tout abus sera sanctionné", a-t-il prévenu. Les forces de l'ordre ont réalisé environ 5,8 millions de contrôles depuis le début du confinement le 17 mars et dressé 359.000 procès verbaux pour non-respect des mesures.

En marge, Emmanuel Macron a cependant annoncé jeudi un aménagement des règles de confinement pour les autistes, en les autorisant à sortir "un peu plus souvent" pour se rendre sur les lieux habituellement fréquentés, "porteurs de repères rassurants", à l'occasion de la Journée mondiale de sensibilisation à l'autisme. 

Le gouvernement espère finaliser sa stratégie de sortie du confinement "dans les jours qui viennent" pour pouvoir donner au plus vite des perspectives, aux Français qui resteront confinés, c'est certain, au moins, jusqu'au 15 avril.

Paul Barcelonne avec Guillaume Descours