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Crise liée au coronavirus: après 145 ans d'existence, cette sucrerie doit fermer ses portes

Malgré une production de gel hydroalcoolique durant le confinement, cette usine d'Eure-et-Loir semble condamnée, au désespoir des ouvriers.

Une entreprise au ralenti, seulement 60 employés présents contre 130 en janvier... Après 145 ans d'existence, la sucrerie de Toury, en Eure-et-Loir, va fermer ses portes. Cette usine produit du sucre mais aussi du surfin, qui sert à l'élaboration du gel hydroalcoolique, et donc l'activité s'est révélée essentielle pendant la crise du Covid-19.

Malgré leur travail, qui a continué pendant le confinement, les salariés vont perdre leurs emplois dans cette entreprise devenue centrale dans la vie de la région. Les salariés ne comprennent pas cette décision. 

Après 27 ans dans la sucrerie, Frédéric Rebyffé n'accepte: "Ca me donne envie de chialer. J'ai passé plus de la moitié de ma vie ici... Il y a une transmission du savoir, du métier, de l'amour de notre métier. Quand on voit à quoi ça en est réduit aujourd'hui et comment ça va finir, c'est la tristesse et de la colère".

Depuis un an ce représentant CGT se bat avec ses collègues pour sauver des emplois. Parmi eux Kevin. Il a écrit une lettre au président de la République en avril: "Nous travaillons le jour, la nuit, le week-end, les jours fériés. Nous participons à cet effort de guerre en prenant des risques pour notre santé et celles nos proches... J'espère toujours une réponse".

Malgré leur licenciement à venir, impensable pour les employés de ne pas aider, explique Stéphane Delanoue, salarié depuis près de 30 ans: "Nous pouvions fabriquer de l'alcool, on l'a fait. Ce n'est peut-être pas grand chose mais on a fait ce qu'on pas pu. Et aujourd'hui, on peut être fier de nous. Ce qui me choque, c'est que nous avons eu un papier pour avoir le droit de circuler avec l'inscription 'ouvrier indispensable'. Un 'ouvrier indispensable' ne peut pas être dehors 15 jours après" se défend-il.

Résignés, Stéphane et ses collègues appellent à une reconnaissance de leur travail en sauvant l'usine et les emplois de Toury. 

Romain Poisot et Florian Chevalley avec Xavier Allain