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Cristalline, Perrier… Ce qu’il faut savoir sur l’affaire des eaux minérales traitées illégalement

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Pendant des années, les groupes Alma et Nestlé ont effectué des traitements illégaux sur leurs eaux minérales naturelles vendues en bouteille. Ces dernières ont été surtraitées car régulièrement contaminées par des bactéries. La santé des consommateurs n'est pas menacée.

Nestlé reconnaît avoir eu recours à des traitements interdits sur ses eaux minérales. Pendant des années, le groupe et plusieurs autres marques d’eaux minérales ont enfreint la législation. Ce sont des pratiques frauduleuses dans l’univers des eaux minérales qui ont été révélées, ce mardi, par Le Monde et Radio France

L'enquête commence il y a trois ans, lorsqu’un employé du groupe Alma signale aux autorités qu’il se passe des choses bizarres. L'entreprise commercialise une trentaine de marques d’eau en bouteille, dont Cristalline, la plus vendue en France, mais aussi Saint-Yorre ou encore Vichy. 

Une enquête est lancée par la direction de la répression des fraudes. Elle révèle que l’entreprise a recours à des traitements qui ne sont pas conformes à la législation. Des injections de sulfates de fer et de CO2 industriels, des microfiltrations qui ne correspondent pas au seuil autorisé et même des mélanges d’eau minérale avec de l’eau du robinet.

L'enquête a ensuite également mis en cause le numéro un mondial des eaux minérales, la multinationale suisse Nestlé. Le groupe avait le même fournisseur qu'Alma pour se procurer des systèmes de filtration pas forcément conformes.

Les enquêteurs ont découvert que toutes les marques exploitées par Nestlé faisaient l’objet de traitements interdits (Vittel, Contrex, Perrier, Hepar). Toutes ont fait l’objet de traitements avec notamment du charbon actif ou des rayons ultraviolets. Les inspecteurs accusent l’entreprise d’avoir tout fait pour dissimuler ces traitements, par exemple en cachant les dispositifs derrière des armoires électriques.

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Expliquez-nous par Nicolas Poincaré : Eaux minérales, pratiques trompeuses à grande échelle - 31/01
3:39

Une législation précise

La santé des consommateurs n'a pas été menacée par ces traitements. Les eaux ont été surtraitées, ce qui ne présente pas de risque sanitaire. Mais il y a tromperie sur la marchandise. Les eaux minérales naturelles et les eaux de sources correspondent à une législation précise. Elles doivent se distinguer par leur "pureté originelle" ou bien venir directement de la source. Contrairement aux eaux plus bas de gamme que sont les eaux rendues potables par traitement. 

On nous a donc vendu, comme des eaux pures, des eaux qui étaient traitées un peu comme celle du robinet. Les entreprises ont eu recours à ce type de pratiques car l’eau pure est de moins en moins pure. Les sources exploitées par Nestlé ont régulièrement été contaminées par des bactéries ou par des polluants chimiques. 

Nestlé vient de le reconnaître en évoquant les conditions climatiques extrêmes, avec des sécheresses et des inondations, qui rendent très difficiles le maintien des caractéristiques d’une eau minérale naturelle.

Mais le groupe suisse affirme que tout est désormais rentré dans l’ordre, qu’elle a retiré ses systèmes de filtration cachés derrière les armoires. La société a surtout dû fermer des sources ou réduire sa production pour certaines marques, comme Hepar ou Perrier.

Le gouvernement au courant

Le gouvernement français était, lui, au courant de l’affaire. Le Monde et Radio France affirment que lorsque ces fraudes ont été découvertes, les dirigeants de l’entreprise ont pris rendez-vous avec le cabinet d’Agnes Pannier-Runacher, alors ministre de l’Industrie.

Ils ont reconnu avoir enfreint les réglementations mais ont plaidé que, sans ces traitements, l’existence de leurs usines et de milliers d’emplois se retrouverait en danger. Le gouvernement a alors très discrètement lancé une enquête administrative mais n’a pas saisi la justice, ni alerté l’opinion. Ce n’est que deux ans plus tard que la justice s’est emparée de l’affaire et ce n’est qu’aujourd’hui que l’opinion est alertée.

Nicolas Poincaré