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Des polluants dans l'alimentation pour enfants: "Je relativise"

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- - JEAN-PIERRE MULLER / AFP

TEMOIGNAGES - Neuf polluants, dont des métaux lourds et des PCB, sont présents dans l'alimentation des enfants en bas âge, à des doses pouvant représenter un risque, a averti mercredi l'Anses, dans une étude d'une ampleur inédite. Rien de très assurant pour les enfants.

De l'arsenic dans les petits pots pour bébé, du nickel dans le riz et les céréales infantiles. Dans son rapport publié mercredi, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) met en valeur la présence de métaux lourds dans les assiettes de nos bambins. Après y avoir évalué la présence de plus de 500 contaminants, l’agence de Maisons-Alfort (Val-de-Marne) estime qu’une dizaine d’entre eux sont "préoccupants" et que les niveaux d’exposition actuels peuvent présenter des risques sanitaires.

Plus de 40% des 13-36 mois trop exposés

Plus précisément, c'est le résultat d'une longue enquête menée à partir de 670 substances utilisées dans les préparations alimentaires. Si pour 97% d'entre elles, "le risque peut être écarté", l'Anses a retrouvé des polluants dans le lait en poudre, les petits pots ou encore les biscuits. "Un nombre non négligeable d'enfants présentent une exposition supérieure aux valeurs toxicologiques de référence", explique l'organisme.

Les deux tiers des enfants de moins de quatre mois ne seraient pas exposés à des niveaux excessifs de ces substances préoccupantes. Mais ce taux chute à seulement 21 % chez les 13-36 mois. Dans cette tranche d’âge, plus de 40 % des enfants sont trop exposés à au moins deux composés problématiques. Pas de quoi rassurer les parents.

"Très loin des doses réellement toxiques"

C'est le cas d'Armande, maman de Jeanne, quatre mois et demi. "A nos enfants, on leur donne à manger ce qu'on trouve dans les supermarchés. La vie de père et mère ne laisse pas trop de temps, avec le travail etc, pour préparer les petits plats de bébés en plus de se préparer à manger tous les soirs. Ce n'est pas évident". Lorin, jeune papa lui aussi, préfère prendre du recul: "Que faut-il faire? Il faut arrêter de nourrir nos bébés? Je relativise".

Pour le professeur Patrick Tounian, chef du pôle nutrition pédiatrique à l'Hôpital Trousseau à Paris, cette étude est davantage un principe de précaution: "On est en fin de compte très loin des doses réellement toxiques, assure-t-il. Donc, il faut continuer à donner des produits infantiles aux jeunes enfants tout en assurant l'équilibre nutritionnel du nourrisson". L'Anses préconise aussi aux parents de ne pas diversifier la nourriture de leurs enfants avant le sixième mois afin de réduire les risques d'exposition à ces polluants.

M.R avec Marie Monier