"Difficile de demander à une personne si elle en subit quand elle vient pour une angine": les médecins bientôt formés à la détection des violences conjugales

La Haute autorité de Santé veut former les médecins à la détection des violences faites aux femmes, en leur permettant notamment de devenir un véritable interlocuteur pour les victimes.

Les médecins s'emparent de la question des violences faites aux femmes. Pour la première fois en France, la Haute Autorité de Santé va présenter en détail ce mercredi des recommandations adressées aux professionnels de santé: aborder systématiquement la question des violences conjugales avec chacune de ses patientes au cours de la consultation. L'objectif est de libérer la parole des femmes victimes.

"On a du mal à rentrer dans l'intimité des gens"

Un hématome ou un problème de nutrition et le docteur Hammad demande à ses patientes s'il y a violences conjugales. En revanche, sans suspicion de la part du médecin généraliste, le sujet est rarement abordé: "Durant mes études je n'ai pas été formé dessus. Demander à chaque personne si elle subit des violence conjugales quand elle vient pour une angine c'est très compliqué", explique le praticien au micro de RMC.

"Dans des journées surchargées, on a du mal à rentrer dans l'intimité des gens", ajoute-t-il.

Face aux professionnels démunis, la Haute autorité de santé fournit pour la première fois une liste de questions et d'outils, validées au sein de l'établissement public par le professeur Pierre-Louis Druais.

1 victime sur 5 se confie à son médecin

"Quand on détecte, on dit 'on peut vous aider, si un jour vous avez un problème, je suis disponible'. C'est important car ces femmes sont isolées et se posent la question de savoir à qui s'adresser. On doit cette vigilance et cet accompagnement", explique-t-il.

Avec ces nouvelles recommandations, les médecins espèrent gagner davantage la confiance des femmes. Selon les derniers chiffres de l'Insee, seulement 1 victime sur 5 consulte un médecin après des violences.

Nicolas Traino (avec Guillaume Dussourt)