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Du scandale du Médiator à La Fille de Brest, "il y a eu des avancées"

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- - FRED TANNEAU, AFP/Archives

Mercredi, "La fille de Brest", qui retrace le combat d’Irène Frachon pour faire interdire le Médiator, sort sur les écrans. Et derrière cette pneumologue, il y a l'homme politique qui, le premier, s'est publiquement inquiété du scandale du Mediator s'appelle Gérard Bapt, député socialiste.

Le député socialiste qui a permis à ce scandale d’éclater c’est Gérard Bapt. Il revient sur sa rencontre avec Irène Frachon.

"En voyant l’interview d’Irène Frachon dans un quotidien, peu après la censure de son livre "Médiator Combien de mort" par le TGI de Brest [le sous-titre ‘Combien de morts’ a été retiré], j’ai été stupéfait de la lire, ne la connaissant pas. J’ai alors contacté le journal qui m’a donné ses coordonnées. Puis, je l’ai invité à dîner au 8e étage, dans le restaurant de l’Assemblée nationale.

A ce moment-là, Irène Frachon se heurtait à l’inertie du système. On avait retiré le produit, rien ne se passait. Par défi, j’ai alors publié un article "Médiator combien de morts", qui est publié sur le site du Monde (24 août 2010). Comme je me basais, pour le nombre de morts, sur une thèse en pharmacie qui venait d’être publiée à Rennes, cela a questionné l'Agence du médicament [l'Afssaps]. Des chiffres "basés sur une petite étudiante de Rennes", n'avaient pas de valeur. J’ai alors demandé une étude pour démentir tout ça. Le problème c’est que cette étude a confirmé le travail de cette étudiante. C’est là-dessus que tout explose. La ministre de l’époque, que j’étais allé voir, Roseline Bachelot, ne voulait pas y croire.

"Il existe toujours un manque de réactivité"

A ce moment-là, les cardiologues disaient ne pas connaître les complications liées au Médiator, ne pas en avoir vues. Ils étaient dans le déni. [Le médicament de Servier est accusé de provoquer des valvulopathie].

On constate aujourd’hui ce même déni avec la Dépakine, de la part des neurologues [l'antiépileptique, le Dépakine du laboratoire Sanofi pourrait entraîner des malformations chez les nouveau-nés]. Il y a toujours un réflexe de corporatisme visant à nier que l’on a pu passer à côté de certaines alertes.

Alors oui, aujourd’hui, il y a eu des avancées. L’agence du médicament est partie sur de nouvelles bases. La transparence sur ses délibérations comme sur la gestion des liens d’intérêts sont mieux assurés. Mais il existe toujours un manque de réactivité. Restons optimistes! Petit à petit les outils européens et français deviennent plus vigilants, plus performants."

Propos recueillis par Elodie Hervé