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"Du temps perdu pour soigner les gens": ces médecins ne veulent plus de "certificats absurdes"

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"On en arrive quasiment à des certificats pour clubs de lecture", raille la Dre Regensberg de Andreis. Les médecins généralistes ne veulent plus perdre de temps à délivrer des certificats "absurdes". Concernant les arrêts de travail, "on n'a aucune raison de faire du clientélisme", assure sur RMC le Dr Michaël Rochoy.

Les arrêts de travail de moins de trois jours, les certificats d'absence pour enfants malades, les certificats médicaux pour les clubs de sports non affiliés à des fédérations sportives... Des actes quotidiens chronophages pour les médecins généralistes. Des certificats "absurdes", vont même jusqu'à dire certains praticiens, au tel point qu'un site du même nom a vu le jour en septembre 2023.

"Faible valeur médicale ajoutée"

"Un certificat absurde a une faible valeur médicale ajoutée : il n’a pas grand intérêt en dehors de l’aspect administratif. Il permet de déporter la responsabilité vers l’État", explique ce mercredi sur RMC Michaël Rochoy, médecin et fondateur du site en question, lié au Collège de médecine générale. D'autant que certains actes pourraient être réalisés en "auto-déclaration, comme c'est le cas dans d'autres pays européens", souligne-t-il.

Le professionnel de santé pointe aussi du doigt "des bailleurs sociaux qui vont demander un certificat pour dire qu’il faut remplacer une baignoire par une douche" mais aussi "des assureurs qui demandent des e certificats à la limite de la légalité."

C’est du bon sens. Les principaux arrêts de travail courts et pour enfants malades, c’est du quotidien. Pour le sport, des clubs demandent un certificat tous les ans jusqu’à l’âge adulte. Les clubs non affiliés devraient suivre les recommandations du comité médical de leur discipline", préconise le médecin.

Le parti-pris : Faut-il abandonner les "certificats médicaux absurdes" ? - 13/08
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Dans les clubs affiliés à une fédération sportive, il n'est plus nécessaire pour les mineurs de produire un certificat médical depuis le décret du 7 mai 2021 pour obtenir, renouveler une licence, s'inscrire à une compétition. Un tel certificat est requis seulement "lorsque les réponses au questionnaire de santé du mineur conduisent à un examen médical

Des actes qui prennent du temps aux médecins

"On est 50 000 médecins généralistes libéraux en France. On fait tous en moyenne 5 000 actes par an. On va les faire. Si on a 10 à 15 % d’actes inutiles dans l’année, ça fait peut-être 500 actes perdus dans l’année qui ne servent pas à soigner des gens", regrette Michaël Rochoy.

Ce genre de requêtes "pique du temps pour des patients qui en auraient vraiment besoin", abonde auprès de l'AFP le Dr Jérôme Marty, président du syndicat de médecins UFML-S et membre des Grandes Gueules sur RMC. Ce dernier y voit "une société de la plainte et du risque de poursuite continuels": tant pis si le docteur est "surchargé", "ce qu'ils veulent, c'est se protéger" en cas de "pépin".

"On en arrive quasiment à des certificats pour clubs de lecture car les collectivités, les entreprises, veulent se prémunir de toute attaque légale", renchérit la Dre Regensberg de Andreis.

"Les médecins n’ont aucune raison de faire du clientélisme. En 2025, on n’a aucune raison, on a trop de patients", assure le Dr Michaël Rochoy

"On dit : 'Il faut responsabiliser les gens et les médecins'. La réalité, c’est qu’il faut responsabiliser les responsables politiques. Ils déportent leur responsabilité en disant que le problème, c’est les patients, en augmentant les franchises, et les médecins. Ce n’est pas nous, le problème", critique le Dr Michaël Rochoy.

"De la fraude sociale pour les arrêts maladies, je n'en vois pas"

"En France, on a l’impression que les salariés français seraient plus fraudeurs que les autres. C’est l’avis du MEDEF et de la CPME. On ne fait pas confiance aux salariés. Je n’ai pas d’explication à ça", pointe-il, agaçé. "Est-ce qu'on peut faire confiance au gouvernement quand il parle de fraude sociale pour les arrêts maladies? Moi je n'en vois pas", assure le praticien.

Léo Manson