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Elèves décrocheurs: "Certains élèves vivent des situations compliquées à la maison"

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Jean-Michel Blanquer a estimé mardi qu'"entre 5 et 8% des élèves" ont été "perdus" par leurs professeurs, qui ne peuvent pas les joindre pour assurer la "continuité pédagogique" souhaitée, deux semaines après la fermeture des écoles pour lutter contre le coronavirus.

Ce chiffre est une moyenne des remontées des académies explique le ministère de l'éducation. Il a été demandé à tous les enseignants de signaler les élèves, qui ne répondent aux emails, qui ne participent pas au visio-conférence, et qui ne répondent pas non plus au coup de téléphone passés depuis une semaine, par les établissements scolaires.

Un chiffre qui révèle donc les difficultés de l'enseignement. Dans un quartier populaire de Toulouse, Alexia Seguin a bien tenté de mettre en ligne des exercices, pour ses élèves de CM1-CM2, mais quand elle regarde son écran: "Je vois qu'il y a 7 élèves sur 21 qui sont connectés, ce qui représente le tiers de la classe"

L'enseignante n'accuse pas les familles mais constate que le travail à la maison n'est vraiment pas simple: "Certaines se retrouvent en difficulté du fait du nombre d'enfants dans la famille. Si le parent doit aller travailler tous les jours, c'est parfois difficile à prendre en charge".

"On a appelé les élèves un par un"

Pour essayer de rattraper ces élèves, ce sont les directeurs d'établissement qui sont à la manœuvre, explique Florence Delannoy, secrétaire général adjoint du SNPDEN, syndicat des chefs d'établissement: "On a appelé les élèves un par un, on a découvert un peu de tentative d'école buissonnière, mais aussi des problèmes de connexion".

Pour ceux-là, des envois postaux sont organisés. Mais l'inquiétude de cette directrice se porte sur ceux qui étaient déjà fragile avant même le confinement: "On a peur de les perdre. Au jour le jour, on tient grâce au relationnel, on essaie de continuer à le faire, mais c'est beaucoup plus compliqué. On a aussi des élèves qui vivent des situations compliquées à la maison".

Une directrice qui a peur de perdre définitivement certains élèves lors des prochaines vacances de Pâques.

Des directeurs et directrices qui se battent, mais c'est au lycée qu'il y a le plus d'inquiétudes. Dans les établissements professionnels par exemple, le chiffre des décrocheurs peut atteindre 20%, selon une enseignante.

Thomas Chupin (avec P.B.)