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"En ce moment c'est samedi soir tous les soirs": le cri d'alarme d'un médecin sur la multiplication des comas éthyliques chez les jeunes

Depuis la réouverture des bars, il y a plus de deux semaines, l'alcool se consomme sans modération. Et notamment chez les jeunes qui ne connaissent pas forcément leurs limites. A Toulouse, entre 4 et 5 jeunes sont hospitalisés pour comas éthyliques graves chaque nuit.

Jusqu’à présent les soirées arrosées concernaient les jeunes le week-end seulement, depuis la fin du confinement, le Samu de Toulouse enregistre 4 à 5 cas en moyenne chaque soir.

Félix est étudiant dans une école de commerce. Les études, c’est fini, alors les soirées, il les passe dans les bars ou chez lui, à boire avec ses amis.

“On commence à boire, et puis si on se sent bien, dans la soirée, on boit, on boit, et puis quand on voit qu’on n’en peut plus, on arrête, cela dépend en fait des soirées et avec qui on est. C’est compliqué de se fixer des limites parce que déjà, on a pas pu pendant deux mois donc on ne le tient pas forcément autant qu’avant. Et cela peut arriver que l’on se fasse surprendre étant donné qu’on a plus l’habitude de boire !”, indique-t-il. 

Une activité de plus en plus courante qui inquiète les médecins et urgentistes et qui voient défiler les jeunes dans les services d’urgence. 

“Il y a beaucoup de jeunes qui rattrapent le temps perdu, on va dire et qui se mettent à boire des quantités invraisemblables d’alcool avec des conséquences graves pour leur santé. Il y a des comas éthylique évidemment. Mais il y a plusieurs conséquences à l’alcoolisation massive. La première, c’est donc le coma éthylique avec le risque d'inhalation de vomi qui va dans les poumons et qui obstrue les voies aériennes. Et ça n’est qu’une des conséquences de l’alcool. Il y a aussi celles sur tout ce qui est traumatologie: traumatologie routière, l’agressivité, les rixes et puis les agressions”, indique le docteur Vincent Bounes, directeur du Samu 31 au CHU de Toulouse.

Et se faire surprendre, et finir aux urgences, cela peut toucher aussi des ados, d’où cette mise en garde du docteur Philippe Frontin, directeur adjoint du Samu de Toulouse. “C’est un cri d’alarme parce que pour l’instant on arrive à contenir cette vague, on ne parle pas d’épidémie, parce nous avons potentiellement les équipes pour y aller, pour les prendre en charge de façon correcte, mais c’est juste un cri d’alarme, il y aura forcément un de ces 4 un drame, chez quelqu’un de jeune, que l’on trouvera décédé”, affirme-t-il. 

De la consommation d'alcool fort en majorité

Les médecins constatent notamment une grande consommation d’alcool dit “forts”. 

“Dans mon classement personnel, c’est la vodka et le whisky qui arrivent en tête pour les alcools forts avec des prises assez resserrées dans le temps et très importante en quantité. Et puis parfois quelques expérimentation de cannabis en plus”, détaille le docteur Vincent Bounes sur RMC.

Il rappelle qu’”un coma éthylique ce n’est absolument pas beau du tout. Vous vous retrouvez en réanimation avec des tuyaux partout, en assistance respiratoire, et avec des pneumopathies la plupart du temps”. 

Ce qui l’inquiète le plus c’est la répétition de ces événements. En effet, depuis le déconfinement les jeunes peuvent multiplier les soirées et donc la consommation d’alcool est beaucoup plus fréquente. “Pour nous en ce moment, c’est samedi tous les soirs. On est habitué à ces phénomènes, mais ils sont habituellement hebdomadaires. Habituellement le vendredi ou le samedi soir, on a entre 10 et 20 jeunes hospitalisés. Là ce qui est exceptionnel, c’est que c’est un peu tous les jours, dès le début du déconfinement”, conclue-t-il. 

Jean-Wilfrid Forquès avec Guillaume Descours