Erreurs, imprécisions et annonces: on a "fact-checké" l'interview d'Emmanuel Macron
La réforme de l'impôt, le projet de loi Asile-immigration, le budget pour les hôpitaux, et bien d'autres sujets sont passés sous le crible des journalistes lors de l'interview télévisé d'Emmanuel Macron. Néanmoins, lors du fact-checking, on a constaté quelques erreurs et quelques arrangements dans les propos du président de la République. D’abord, concernant la réforme de l’Impôt sur la fortune.
Le Président assure ainsi que l’impôt sur la fortune immobilière (IFI) qui remplace désormais l'ISF ne taxe plus que les biens immobiliers, et plus les investissements réalisés dans l’économie française. Sauf qu’il y a aussi tout un tas "d'investissements" qui étaient auparavant soumis à l'ISF, qui ne le sont plus et qui pour autant ne seront pas investis dans l'économie: les sommes investies à l’étranger, les liquidités bancaires (espèces, comptes courants, etc.), les meubles, les véhicules, les chevaux de course, les bijoux, les objets de valeur...
D’ailleurs, rien ne garantit que les bénéficiaires de cette mesure, qui va coûter plus de 3 milliards d’euros à l’Etat, investissent davantage dans l’économie française. Emmanuel Macron a d’ailleurs eu l’honnêteté de reconnaître ne pas avoir de garantie sur le résultat de sa mesure, et s’est engagé à l’évaluer dans 2 ans.
"Faux" dit le Président... sauf que c'est vrai
Plusieurs points du projet de loi Asile et immigration, examiné à partir de ce soir à l’assemblée, ont aussi échappé à Emmanuel Macron. "Faux" dira à deux reprises le Président face à Edwy Plenel... Sauf que c’est absolument vrai.
Ainsi, aujourd’hui lorsque l'office français pour les réfugiés et apatrides refuse une première fois une demande d'asile, il existe une possibilité de recours devant la Cour Nationale du Droit d'Asile. Aujourd'hui, le délai de recours est d'un mois. Le projet de loi prévoit de le diviser par deux. Deuxième point: le projet de loi prévoit aussi le recours à des audiences par vidéo (visioconférence), c'est là que le demandeur d'asile débouté devra, dans certaines conditions, se défendre et s'expliquer face aux juges via un écran. Lorsqu’Emmanuel Macron affirme donc que ces deux affirmations sont fausses, c’est une erreur.
Quid de la santé?
Emmanuel Macron a aussi promis "qu’il n’y aura pas d’économies sur l’hôpital durant ce quinquennat", malgré les chiffres avancés par Edwy Plenel. Alors qui dit vrai?
En fait, le budget des hôpitaux en 2018 n’est pas en baisse, il est en hausse de 2% sauf que les charges programmées des hôpitaux vont augmenter de plus de 4%. Du coup, pour essayer d’assurer l’équilibre des comptes, les hôpitaux sont condamnés, selon les médecins hospitaliers, à augmenter sans cesse leur activité tout en réduisant le nombre de leurs personnels. Ce qui entraîne, toujours selon eux, une dégradation des conditions de travail et une baisse de la qualité des soins.
Emmanuel Macron imprécis sur la SNCF
Pas tout à fait sur les rails. Emmanuel Macron a affirmé dimanche soir que la SNCF est 30% moins performante que ses voisins. C’est déjà ce que disait Edouard Philippe en février quand il disait que "faire rouler un train en France coûte 30 % plus cher qu’ailleurs".
Si ce chiffre de 30% est bien mentionné dans le rapport Spinetta sur l’avenir du transport ferroviaire remis au gouvernement... ce rapport précise justement qu’il est difficile d’évaluer exactement l’écart de compétitivité pour des activités qui aujourd’hui encore sont dans des situations de monopole. Le chiffre avancé par Emmanuel Macron est donc à prendre avec prudence.