"Expliquez-nous": pourquoi les préfets prennent les décisions face au coronavirus
Sans vraiment le dire, on est passé d’une stratégie totalement centralisée à une nouvelle politique décentralisée. Souvenez-vous ce qui s’est passé vendredi: le président du Conseil scientifique, Jean François Delfraissy avait prévenu: “Attendez-vous à des mesures difficiles”.
Et finalement? Et bien Jean Castex, à la fois martial et bonhomme est venu s’adresser à nous pour faire passer un message principal : “Il faut se laver les mains!” Visiblement, le gouvernement avait décidé de ne rien décider.
Un haut responsable de la Santé publique me disait lundi: “Je ne sais pas ce qui s’est passé, mais quelqu’un au dernier moment à changer d’avis au plus haut sommet de l’Etat et à renvoyé les mesures drastiques vers les préfets”.
Et c’est ce qui s’est passé. La préfète de la Gironde, le préfet de police de Marseille, le préfet de région de PACA ont annoncé ces “fameuses mesures difficiles”. En Gironde, on passe de 5000 à 1000 personnes pour les matchs de foot. Les événements de typesses fêtes foraines et brocantes ne seront plus autorisés. Dans les bars et restaurants, la consommation debout est désormais interdite et les contrôles seront renforcés. Les rassemblements de plus de 10 personnes dans les parcs, jardins, mais aussi sur les quais de Bordeaux, sont interdits, ainsi que la consommation d’alcool sur la voie publique.
Et même types de mesures très restrictives dans les Bouches-du-Rhône. Port du masque obligatoire, dans 27 communes. Les bars et restaurants continuent à devoir fermer au plus tard à minuit et demi. Les autorités promettent des fermetures administratives beaucoup plus fréquentes si ces règles ne sont pas respectées. Différentes manifestations sont annulées, notamment la foire de Marseille.
Depuis le début de la crise, la France Jacobine avait appliqué une politique unique. Sauf pendant une courte période, où l’on avait les départements verts et rouges avec quelques différences minimes comme l’ouverture ou non des parcs et jardins. Mais sinon, la fermeture des écoles est intervenue dans toute la France le même jour.
Le confinement, puis le déconfinement, la réouverture des terrasses des restaurants et des bars ont été des décisions nationales prise à l'Elysée et annoncé par le président de la République.
Alors que la situation très contrastée. Plus de la moitié de la France était très épargnés, des départements ruraux ne comptait aucun malade en réanimation, mais par tradition centralisatrice le confinement s'était appliqué de la même façon en Ardèche et à Mulhouse.
Et souvenez vous les plages. Interdites dans toute la France. Puis autorisées à condition de marcher, sans poser sa serviette. Les maires n’avaient pas été jugés capables de gérer cette question tous seuls. Il fallait des décisions nationales. C’est cela qui vient de changer. Désormais par exemple, on ne peut plus acheter d’alcool après 20 heures à Marseille, alors qu’on peut à Paris et à Lyon. Parce que les préfets en ont décidé ainsi.
C’est une décentralisation relative parce que le pouvoir de décider n’est pas transféré aux élus locaux, mais au profit des préfets qui restent aux ordres du ministre de l'Intérieur.
Mais le président des régions de France, Renaud Muselier approuve. Une fois n’est pas coutume l’élu marseillais a salué les décisions du gouvernement parisien. En fait, on vient de passer au “sur-mesure”.