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Face à l'interdiction de congeler ses ovocytes en France, Annabelle a dû se rendre à l'étranger

La préparation des ovocytes avant la micro-injection des spermatozoides au Centre d'étude et de conservation du sperme humain de Rennes

La préparation des ovocytes avant la micro-injection des spermatozoides au Centre d'étude et de conservation du sperme humain de Rennes - Marcel Mochet-AFP

Annabelle est célibataire mais projette d'avoir des enfants le jour où elle rencontrera le futur papa. A 38 ans, le temps presse. Elle a décidé de faire congeler ses ovocytes. Mais a dû le faire en Espagne, la pratique étant interdite en France.

Annabelle a toujours voulu être maman. Mais à 38 ans, étant célibataire, la jeune femme a décidé de congeler ses ovocytes. "A l'approche de la quarantaine, l'horloge biologique, je me suis dit c'est vrai que je n'ai toujours pas rencontré l'homme de ma vie, ce serait quand même pas mal de gagner un peu de temps", explique-t-elle pour RMC.

"Regrettable que ça ne puisse pas avoir lieu en France"

Gagner du temps en faisant congeler ses ovocytes. Mais la pratique est interdite en France. La jeune femme a alors a pris contact avec une clinique en Espagne. "Ça a été très rapide. C'est un aller-retour à Valence. Vous rencontrez le docteur sur place qui se trouve en plus être un médecin français, adorable, très pédagogue qui explique bien les choses. Je me suis sentie soulagée que ce soit quelque chose qui existe et qui est proposée. C'est vrai que c'est regrettable que ça ne puisse pas avoir lieu en France."

Plus de 130 médecins et biologistes de la reproduction ont dénoncé dans une tribune publiée jeudi dans Le Monde l'interdiction pour les femmes de conserver leurs ovocytes par congélation. Autorisée en Espagne, en Belgique, en Italie, aux Pays-Bas ou au Royaume-Uni, cette pratique reste réservée en France aux femmes dont la fertilité est menacée pour raisons médicales, comme lors d'une chimiothérapie ou en cas d'endométriose. Les médecins pointent également une incohérence: pour les hommes, l'autoconservation de sperme peut déjà être réalisée sur simple ordonnance. 

"Nous sommes très en retard"

Alors que les femmes font elles aussi carrière et envisagent de faire des enfants de plus en plus tard, pourquoi ne pas autoriser la pratique en France? Le professeur René Frydman, à l'initiative de la tribune, pose la question sur RMC. "La fertilité baisse avec l'âge. Certaines femmes voudraient pouvoir conserver leurs ovules. Et nous en France on n'a pas le droit. Pourquoi est-ce que c'est interdit? Sur quelles bases? Les lois sont faites pour aussi s'adapter aux sociétés. Ce qu'on demande, c'est que les autorités prennent conscience de ce manque. Nous sommes très en retard sur ces points-là."

C.H.A. avec Juliette Droz